Amid Faljaoui

Warren Buffet, l’anniversaire (94 ans) d’un génie de la finance

Philippe Bouvard disait qu’à un certain âge, il faut arrêter de fêter son anniversaire, car les bougies prennent plus de place que le gâteau d’anniversaire. C’était le cas vendredi dernier pour l’anniversaire de Warren Buffet, qui fêtait ses 94 ans au compteur.

Je vous parle de cette légende de Wall Street, mondialement connue pour son flair dans les affaires et surtout pour son infinie sagesse.

Et comme il n’est pas comme nous autres, simples mortels, il a célébré son anniversaire en voyant – de son vivant – son entreprise Berkshire Hathaway franchir la semaine dernière une capitalisation boursière record de 1 000 milliards de dollars. En guise d’anniversaire, c’est pas mal, car les seules entreprises mondiales à atteindre ce niveau sont dans la tech.

Mais si je vous parle des 94 ans de Warren Buffet, ce n’est pas pour ce chiffre record de 1 000 milliards de dollars, ni pour vous dire qu’il est l’un des dix Américains les plus riches, avec un patrimoine évalué à un peu plus de 140 milliards de dollars. Si j’évoque cet anniversaire, c’est parce qu’il est un OVNI dans ce monde d’egos hypertrophiés.

C’est un OVNI, d’abord par son humilité. Il s’habille sobrement, ne flambe pas son argent, dont il a d’ailleurs donné 95 % à une fondation. Il habite la même maison toute simple depuis 40 ans, ne boit pas de grands crus, mais du Cherry Coke. Pourtant, il pourrait avoir la grosse tête, car depuis qu’il a repris la société qu’il dirige en 1965, il a fait croître la valeur de l’action de celle-ci de 4 000 % ! Je ne vois pas qui pourrait lui contester le titre de plus grand investisseur du monde.

Mais au-delà de l’humilité, celui qu’on appelle l’Oracle d’Omaha, du nom du bled perdu dans lequel il habite et qu’il n’a jamais quitté, est aussi remarquable pour sa philosophie de la finance, et même de la vie, qui va à rebours de ce que pense Wall Street. C’est pourquoi, chaque année, lors de la présentation des résultats financiers de leur société, Warren Buffet et son associé Charlie Munger remplissent l’équivalent d’un stade de football, non pas avec des supporters de foot, mais avec des admirateurs de leur politique d’investissement. Il est incroyable de voir comme des gens du monde entier, y compris des investisseurs aguerris, viennent écouter les messages de Warren Buffet et de son ancien associé, décédé fin 2023.

Warren Buffet est un grand défenseur du capitalisme. Il estime que « le capitalisme sans échec, c’est comme une religion sans enfer ». Cependant, il ne se prive pas de critiquer le capitalisme dans ses excès. Par exemple, il considère que les cryptomonnaies sont en partie une fraude et en partie un fantasme, ajoutant : « c’est un mauvais combo, et le fantasme est peut-être plus extrême que la fraude ».

C’est ce même Warren Buffet qui a toujours montré sa capacité à résister aux modes et aux pressions du marché. Il n’a jamais cédé aux sirènes spéculatives, car sa devise était et reste : « n’essayez jamais de rattraper un train en marche, il y en aura toujours un autre ». Quant à l’éthique, sur laquelle il ne transige pas, il rappelle qu’il « faut 20 ans pour bâtir une réputation et cinq minutes pour la détruire. Si vous y pensez, vous agirez différemment ». Les chefs d’entreprise qui écoutent cette chronique savent très bien ce que cela signifie.

Ah oui, comment ne pas terminer cette chronique sans mentionner que Warren Buffet a aujourd’hui un problème : le conglomérat qu’il dirige est assis sur une montagne de cash de 170 milliards de dollars. Son problème est de trouver des cibles à sa hauteur. Quand je vous disais que c’est un OVNI, je ne vous mentais pas. Bon anniversaire, cher Warren.

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