Eddy Caekelberghs

Vivant ou décédé, un otage est un otage

Eddy Caekelberghs Journaliste à La Première (RTBF)

Le 13 octobre 2025 restera dans les mémoires israéliennes comme le jour où l’impossible devint tangible : 20 otages vivants, retenus depuis 738 jours par le Hamas à Gaza, ont été remis à la Croix-Rouge, entamant leur retour vers leurs familles.

Dans une atmosphère mêlant affliction et euphorie, Tel-Aviv célébrait la libération, mais aussi le prochain rapatriement des corps de 28 otages morts, un acte douloureux et attendu, permettant enfin aux familles de commencer leur deuil. Vivant ou décédé, “un otage est un otage”, selon Johanna, l’une des milliers de proches réunis. Ce tournant, fruit d’un accord de cessez-le-feu inédit, n’aurait pu se produire sans l’initiative du président américain Donald Trump, dont le plan de paix, dévoilé quelques jours plus tôt, imposait la libération simultanée des captifs et d’environ 1.950 prisonniers palestiniens.

L’armée israélienne, la Croix-Rouge et des organismes internationaux travaillent désormais à rapatrier les dépouilles des otages morts non inclus dans le premier échange. Trump s’est rendu en Israël pour assister personnellement à cette issue, qualifiant ce moment de “grand honneur”, et saluant devant la Knesset “un nouveau commencement”. À défaut de Prix Nobel à Oslo, le président américain s’offre l’hommage des chefs d’État. Et des opinions. Incontestablement.

La scène internationale scrute cet épisode avec intensité. Emmanuel Macron, depuis Charm el-Cheikh, salue une paix désormais “possible pour Israël, Gaza et la région”, tandis que le sommet pour la paix réunit Donald Trump, Mahmoud Abbas et de nombreux chefs d’État. Mais l’événement transcende la diplomatie classique : la libération, vécue dans la tristesse et la joie, expose la double face d’un consensus fragile, où la douleur des familles s’entrelace à l’espoir national.

Donald Trump est déjà présenté par une partie de l’opinion israélienne comme le “héros” du jour, parce qu’il a été en mesure d’imposer le cessez-le-feu et d’orchestrer l’échange. Le président américain célèbre cet accomplissement comme la consécration de sa politique étrangère. Pourtant, à Oslo, il n’a pas vu son nom allonger la liste des lauréats du Nobel de la paix. Le prestigieux prix a été décerné, pour 2025, à l’opposante vénézuélienne María Corina Machado pour son combat démocratique. Ou qualifié comme tel, pour une lauréate au parcours questionnable et qui ne prétend pas vouloir usurper le titre à Donald Trump.

La saga des otages, vivants et morts, marque l’histoire du Proche-Orient, ainsi que la trajectoire d’un Donald Trump controversé.

Face à ce choix, l’administration Trump a réagi vivement : “Le comité Nobel privilégie la politique au lieu de la paix”, regrette Steven Cheung, directeur de la communication, soulignant que le locataire de la Maison Blanche a “sauvé des millions de vies” et “conclu huit accords de paix ces dernières années”.

Tout en félicitant Machado, Trump rappelle son ambition de rejoindre le cercle des grands pacificateurs et réitère devant la communauté internationale son engagement à continuer d’œuvrer pour la paix. La reconnaissance officielle lui échappe, mais l’impact de son plan sur le terrain, avec la fin affichée de la guerre, selon ses propres termes, soulève une question : le Nobel récompense-t-il toujours l’œuvre effective ou la dynamique politique du moment ? Est-ce toujours un choix éthique ou un choix politique qui guide le comité Nobel, sans doute exaspéré par l’exigence répétée de Donald Trump d’être le “lauréat naturel” ?

Entre la liesse et le recueillement, Israël, Gaza et la région entrevoient enfin une accalmie. La saga des otages, vivants et morts, marque non seulement l’histoire du Proche-Orient, mais aussi la trajectoire du président controversé, artisan d’une paix aussi précaire que nécessaire. Qu’on l’aime ou non n’y change rien.

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