Il y a des acronymes financiers qui font sourire… jusqu’au jour où ils deviennent caducs.
TACOS, vous connaissez, c’est un acronyme en vogue dans la presse financière anglo-saxonne ? TACOS, c’est l’acronyme de Trump Always Chickens Out. Traduction libre : Trump menace fort, mais recule toujours au dernier moment. C’était vrai pour les tarifs douaniers, les guerres commerciales, les embargos, et même la Corée du Nord. Il aboyait, certes bruyamment, mais il ne mordait jamais.
Sauf que ce week-end, le président américain a mordu. Fort.
Il a bombardé, dans la nuit du 21 au 22 juin, trois sites nucléaires iraniens, alors même qu’il avait annoncé deux jours plus tôt… un délai de deux semaines pour “la négociation”. Autrement dit, il a renié sa propre parole en moins de 48 heures. Et là, ce n’est plus du bluff. C’est un tournant.
Pourquoi je vous parle de ça dans une chronique économique ? Parce que la psychologie des marchés et des négociations commerciales est aussi sensible à la crédibilité des chefs d’État qu’aux taux de la banque centrale américaine. Et ce que Trump vient de faire — agir sans prévenir, frapper sans coordination, détruire une promesse publique — ça change le jeu.
Car jusqu’ici, face aux menaces de droits de douane sur les voitures allemandes, sur les semi-conducteurs asiatiques, ou sur les produits agricoles européens, les négociateurs internationaux avaient intégré le syndrome TACOS dans leur modèle mental : Trump menace, Trump recule. On attend, on joue la montre, on ne panique pas.
Mais depuis le bombardement de l’Iran, ce modèle explose.
Parce que Trump n’est plus perçu comme imprévisible. Il est perçu comme capable de tout. Et dans une négociation, ce n’est pas la menace qui fait peur, c’est la perception qu’elle peut se matérialiser.
Et là, pour la première fois depuis longtemps, Trump devient crédible par l’irréversibilité. Il a agi. Il n’a pas négocié. Il a pulvérisé le signal faible qu’il avait lui-même émis. Et ça, les Chinois, les Européens, les investisseurs, l’ont bien vu.
Alors, ça veut dire quoi ?
Que les partenaires commerciaux des États-Unis, à commencer par l’Europe, ne peuvent plus se permettre de le sous-estimer. Fini le réflexe de “ça passera comme la dernière fois”. Désormais, dans les négociations douanières qui continuent en ce moment même, l’hypothèse d’une attaque commerciale unilatérale redevient sérieuse.
Trump n’est plus le cow-boy de papier. Il redevient le pyromane stratégique. Celui qui peut claquer la porte d’un sommet du G7 à 9h et signer une déclaration de guerre à 3H00 du matin après avoir enfilé un cheeseburger. Et même ses alliés le redoutent.
Par ailleurs, l’idée qu’un président américain puisse lancer une attaque militaire non concertée juste avant une échéance commerciale, ça refroidit les appétits d’investissement, ça tend les chaînes d’approvisionnement, et ça fait grimper le coût du risque politique.
Bref : ça reconfigure tout. En résumé, l’acronyme TACOS est mort. La stratégie Trump Always Chickens Out vient de céder la place à quelque chose de plus inquiétant : l’axiome du pyromane lucide.
Trump a compris une chose : dans un monde saturé de diplomatie molle, la brutalité redevient une arme de persuasion. Pas morale. Pas légale. Mais efficace.
Ce qui a fonctionné à Téhéran pourrait donc fonctionner à Berlin, à Paris ou à Pékin ou à Bruxelles chez Von Der Leyen.
Et c’est peut-être ça, la vraie bombe de ce week-end.
Suivez Trends-Tendances sur Facebook, Instagram, LinkedIn et Bluesky pour rester informé(e) des dernières tendances économiques, financières et entrepreneuriales.