Eddy Caekelberghs

Another brick or a kick in the wall? À force de construire des murs, l’économie s’effondre

Eddy Caekelberghs Journaliste à La Première (RTBF)

Nous sommes au pied du mur, “the wall” en anglais. La situation économique se dégrade et les Bourses battent la chamade tant le Bureau ovale à Washington devient une variable plus imprévisible de jour en jour. Le chaos des droits de douane plonge les acteurs commerciaux, des deux côtés de l’Atlantique, dans le rouge.

En Suède, le premier quotidien en termes de lectorat – le Dagens Nyheter – tirait récemment à boulets rouges sur Donald Trump : “Les entreprises sont contraintes de faire un choix : briser des chaînes logistiques bien huilées et parfaitement viables, ou bien augmenter drastiquement les prix. Les revirements permanents de l’administration Trump sur les produits concernés ou non par les hausses des droits de douane n’arrangent guère les choses. S’il est une chose que les entreprises honnissent, c’est bien l’incertitude. Les États-Unis ainsi que l’UE ont de bonnes raisons d’augmenter les droits de douane visant la Chine – des raisons géopolitiques notamment. Mais mener une guerre commerciale en Amérique du Nord, ainsi que contre les alliés des États-Unis dans le reste du monde, c’est tout simplement idiot.”

Et pourtant, en dépit des chiffres et du simple bon sens, les Américains assistent médusés à tous ces fronts qui s’ouvrent : pertes massives d’emplois dans les administrations, les ONG, les facultés, les départements fermés de force par le DOGE d’Elon Musk ; pertes de marchés par l’incertitude régnante ; perte de leadership bientôt face à une Chine qui n’en demandait pas tant. Et pour quel résultat ?

En dépit des chiffres et du simple bon sens, les Américains assistent médusés à tous les fronts qui s’ouvrent.

L’économie financière étasunienne prend la mesure de son erreur, écrit La Vanguardia en Espagne : “L’une des raisons à la défaite des démocrates avait été l’incapacité de Joe Biden à endiguer l’inflation. Trump avait promis une formidable prospérité et un essor inédit. Il pérore moins aujourd’hui, et parle d’une ‘phase de transition qui durera quelque temps’. Ses décisions sur les droits de douane impactent les marchés financiers et les investisseurs redoutent une hausse de l’inflation. La plupart des banques commencent à s’inquiéter, car la tempête décisionnelle déclenchée par Trump ne semble pas aller dans le sens de la stabilité aux États-Unis. L’essor promis s’est cantonné aux discours de campagne”.

Voilà pourquoi l’Union européenne doit ficeler de nouveaux accords commerciaux, de nouveaux partenariats au plus vite. C’est la raison pour laquelle Ursula von der Leyen se tourne vers l’Inde, partenaire technologique déterminant et marché gigantesque. “Les taxes douanières américaines entraîneront une réorientation des exportations d’autres pays vers l’Europe, ce qui devrait faire baisser les prix de l’acier à moyen terme. L’UE serait donc bien inspirée de mettre ce temps à profit pour conclure de nouveaux accords commerciaux avec d’autres régions de la planète”, expliquait le grand quotidien luxembourgeois Tageblatt.

La conclusion, avec le journal économique le plus lu en Grèce, Naftemporiki : “Si l’on perd la guerre commerciale, la victime ne sera pas seulement l’économie européenne, mais l’Union dans son ensemble, une UE minée par les conflits internes, qu’une surenchère de droits de douane aggraverait de plus en plus. Écoles, universités, recherche, santé et investissements dans l’économie réelle en pâtiraient. On nous dit que les dépenses allouées à l’État-providence et au soutien des entreprises menaceraient la stabilité financière ; cette stabilité ‘’légendaire’’ ne semble pourtant plus poser problème dès lors qu’il s’agit d’augmenter les dépenses de défense.” Another brick or a kick in the wall ?


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