“Vous gagnez trop d’argent”. C’est, en filigrane, le message que Vincent Van Peteghem, le ministre du Budget, vient d’adresser aux indépendants qui passent par une société de management.
Le scénario est bien ficelé : d’un côté, les salariés surtaxés qui paient plein pot. De l’autre, les dirigeants “malins” qui, derrière leur société, réduisent la note fiscale. Facile à raconter, facile à dénoncer. Mais comme souvent en matière fiscale, la réalité est plus complexe.
Car derrière ces structures se cachent des milliers de parcours ordinaires. L’avocat qui ne peut exercer autrement qu’en société. Le consultant qui suit la norme de son secteur. Ou encore l’indépendant qui, après des années de travail acharné, découvre qu’en société il sera taxé à 25 % au lieu de 50 % voire même 60 %. Dans ce contexte, créer une société n’est pas un luxe : c’est de la survie.
Deux mesures phares ont déjà été prises
Et pourtant, le gouvernement a déjà décidé de serrer la vis. Deux mesures phares ont déjà été prises : obliger les dirigeants à se verser un salaire minimum de 50 000 euros (contre 45 000 aujourd’hui) et plafonner les avantages en nature à 20 % du salaire brut. Objectif affiché : forcer davantage de revenus à passer par la case de l’impôt des personnes physiques.
Le problème ? On s’attaque au symptôme, pas à la maladie. La vraie question n’est pas l’existence des sociétés de management. C’est le poids insensé qui pèse sur le travail en Belgique. Quand un salarié coûte presque deux fois ce qu’il touche réellement, l’arbitrage en faveur d’une société devient rationnel.
En punissant ces structures, on ne corrige pas l’injustice fiscale : on la déplace. Les mieux conseillés trouveront d’autres montages. Les plus petits, eux, paieront l’addition. Et chacun aura un peu plus le sentiment de jouer à un jeu où les règles changent sans cesse, au détriment des mêmes.
Résultat : une impression d’injustice renforcée. Le salarié se sent plumée. L’indépendant se sent traqué. Et celui qui a les moyens de s’offrir un bon fiscaliste continuera à s’en sortir mieux que tout le monde. Le courage politique ne consiste pas à bricoler de nouvelles rustines. Il consiste à poser la seule vraie réforme : alléger la fiscalité sur le travail, simplifier le système et redonner confiance. Mais ça, évidemment, c’est plus difficile que de trouver un bouc émissaire.
Les sociétés de management sont-elles vraiment un problème… ou juste un miroir qui révèle le vrai mal de la fiscalité belge ?