Amid Faljaoui

Sébastien Cauet, la presse people et le coup de pied de Diverto dans le marché de la presse TV

Il y a peu de temps, j’ai eu le plaisir d’interviewer avec un collègue journaliste le célèbre animateur Sébastien Cauet. Non pas pour ses prouesses en radio ou en télévision, mais parce que Sébastien Cauet est aussi un businessman très averti.

Mon confrère et moi, nous voulions avoir l’avis de Sébastien Cauet sur le business du podcast, vu qu’il a mis sur pied une société dénommée Podcast Stories dont c’est le métier de fabriquer des podcasts à la série. Ce qui m’a frappé au détour de cette conversation à Paris, c’est son avis, plutôt pessimiste, sur la presse papier. Il n’est pas le premier à tenir ce discours bien entendu, mais il avait insisté sur le fait que le déclin de cette presse papier, qui aurait pu encore durer 10 ans, allait être accéléré par la hausse du prix de l’énergie et la flambée du prix du papier. Pour tout dire, il donne encore deux ans maximum à la presse papier. Je pense qu’il exagère, mais pour la presse people, il semble avoir vu juste au vu des derniers chiffres publiés ici ou là.

Diffusion divisée par six en 30 ans

L’envolée du prix du papier qui est passé de 400 euros la tonne à 1000 euros la tonne donne effectivement des sueurs froides aux rédacteurs en chef de tous les quotidiens et hebdomadaires TV. Il est vrai que les chiffres sont cruels : il y a 30 ans Voici écoulait 1.3 million d’exemplaires semaine , aujourd’hui, ce même magazine en écoule un peu moins de 200.000 exemplaires. Bien entendu, personne ne reste les bras croisés face à cette diffusion divisée par six en 30 ans, et chacun y va de sa solution. Dans la presse people par exemple, on peut même parler de réinvention en cours. Pourquoi ? Parce que la chasse au scoop ne suffit plus à rentabiliser des magazines comme Voici, Gala, Public ou Closer. Même la saison d’été ne suffit plus à sauver les ventes de ces magazines people. La faute à qui ? D’abord à la concurrence de réseaux sociaux comme Instagram, TikTok, mais aussi à la matière première de ces magazines. En effet, les célébrités, les acteurs et autres chanteurs sont devenus leur propre média aujourd’hui. Quant aux stars de la téléréalité, elles vont jusqu’à partager leurs détails les plus intimes par réseaux sociaux interposés. Pour survivre dans cette pléthore d’informations et d’écrans, les magazines people vont devoir être encore plus mordants. En montrant, par exemple, l’envers du décor et en déconstruisant l’image lisse et parfois trompeuse de ces stars de la téléréalité ou de ces influenceurs. D’autres magazines vont jouer cette carte-là, tout en jouant également sur le shopping, en incitant par rubrique interposée leurs lectrices et lecteurs à acheter tel ou tel produit. Mes confrères du Figaro ont révélé que l’an dernier, sur les 60 millions d’euros d’affaires annuels générés par Voici et Gala, 40% la somme provenait de la publicité sur le digital.

Attention, il n’y a pas que la presse people qui se réinvente. En France, un nouveau magazine TV a vu le jour : Diverto. Le titre de ce magazine est ultra bien choisi, car il parle du divertissement au sens large et non pas seulement de la grille TV de papa et maman. De plus, il bénéficie dès le départ de la force de frappe de la presse quotidienne régionale puisque ce nouveau magazine est distribué avec 53 quotidiens régionaux. Je trouve qu’il est intéressant à analyser, car loin de proposer uniquement une grille TV, il s’intéresse aussi aux plateformes payantes et gratuites de vidéos à la demande. En clair, Diverto, c’est le magazine du divertissement au sens général. On y retrouve les programmes de Netflix, Disney + ou Amazon Prime, mais aussi des Podcast. En fait, le constat des dirigeants de ce nouveau magazine, c’est que les lecteurs sont noyés par tous ces écrans. Pour s’y retrouver, les lecteurs sont prêts à payer pour avoir des recommandations ou des prescriptions. C’est ce que fait depuis janvier dernier Diverto. En s’intéressant à ce que regarde vraiment le public, y compris sur son smartphone ou sa tablette, Diverto donne un coup de pied à un marché rentable, mais endormi, celui des magazines TV.

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