Amid Faljaoui

Rolex, une monnaie parallèle, mais sans le yo-yo du Bitcoin ?

Je ne vais pas vous parler du bon d’État sur lequel tout le monde s’excite en ce moment en Belgique, alors qu’il rapporte moins que l’inflation et que d’autres placements, tout aussi sûrs, peuvent rapporter nettement plus. Au fond, ce ramdam médiatique est orchestré par le ministre des Finances qui, au final, aura été payé pour rien par les contribuables puisque la seule chose qu’il devait faire (réussir la réforme fiscale), il l’a ratée ! D’où cet ovni médiatique qu’est le bon d’Etat et qui permet, à notre ministre des Finances, de faire quelque chose en fin de législature, et donc de  justifier son salaire.

Mais passons… J’ai plus envie aujourd’hui de vous parler des vols de montres de luxe qui explosent littéralement. Les derniers chiffres, publiés cette semaine par The Watch Register, montrent une hausse de 60% du nombre de vols de montres haut de gamme. Cela, c’est pour les chiffres de l’année 2022 qui viennent d’être dévoilés, mais pour 2023, cela continue de plus belle visiblement.

En tête de liste, des montres dérobées, on retrouve qui ? Je vous le donne en mille : Rolex, qui représente 44% des montres volées en 2022. Viennent ensuite des marques comme Omega (7%), Breitling (6%) ou Tag Hauer aussi à 6%. Les plus naïfs se diront que c’est normal que Rolex arrive en tête de ce classement des montres volées, car cette marque est devenue iconique au fil du temps. Souvenez-vous de la phrase-choc du publicitaire français, Jacques Séguéla, qui avait secoué les médias sociaux lorsqu’il avait, un peu trop rapidement, dit « si a 50 ans, tu n’as pas une Rolex, c’est que tu as raté ta vie ». D’autres, moins naïfs diront que c’est normal que Rolex soit convoitée par les voleurs, car il y a un délai d’attente énorme pour une montre neuve. Quant au marché de l’occasion, il est en superbe forme. D’ailleurs, le marché de l’horlogerie d’occasion frôle la barre des 22 milliards d’euros et pourrait passer à 35 milliards d’euros d’ici l’année 2030.

En vérité, cette explosion des vols de montres de luxe et en particulier de la marque Rolex, montre que cette marque suisse est devenue une monnaie. Oui, je dis bien, une monnaie ! Ce n’est pas moi qui l’affirme, mais un ami proche qui est le propriétaire d’une marque de montre bien connue dans le monde entier. Je lui ai posé la question de savoir pourquoi la valeur d’une Rolex ne baissait pas sur le marché de l’occasion. Il m’a expliqué qu’effectivement, lorsqu’on veut sortir de l’argent cash d’un pays, c’est parfois très difficile en raison des règles ou des lois anti-blanchiment d’argent. Je rappelle qu’en Belgique ou en France, il n’est pas question de payer en cash l’achat d’un bien au-delà d’un certain montant. En Belgique, c’est 3.000 euros exactement ; au-delà, il faut passer par un virement. Donc, que ce soit pour payer des éventuels dessous de table, ou pour monnayer un service dans certains clubs de football, l’avantage d’une montre de luxe, c’est de passer de main en main. Un peu comme les pièces d’or ou les lingots à une époque se refilaient de main en main pour éviter les droits de succession.

Donc, oui, les montres de luxe, c’est encore plus discret et plus efficace. Surtout que la valeur de ces montres ne faiblit pas comme le montre le marché de l’occasion et que la personne concernée peut la revendre ensuite avec une plus-value à la clé. Donc, derrière ces chiffres de vols de montres de luxe, on découvre que ces dernières sont devenues des monnaies parallèles. Un peu comme les cryptomonnaies, mais sans le yo-yo des cours du Bitcoin.

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