Eddy Caekelberghs
Qui va autoriser les Ukrainiens à frapper les Russes avec des armes qu’il a livrées ?
Qui frappe qui? Qui va autoriser les Ukrainiens à frapper les Russes – voire le territoire russe – avec des armes et des munitions qu’il a livrées à Kiev? Qui frappe où?
Les Russes, eux, ont tranché depuis longtemps : les drones iraniens frappent allègrement le sol ukrainien sans état d’âme. Mais, obnubilés que nous sommes à vérifier qu’aucun élément ne puisse déclencher une hostilité directe entre Moscou et nous, nous vérifions en permanence que les troupes du président Zelensky soient prudentes pour nous. Du moins officiellement!
Si l’on en croit le quotidien roumain de centre-droit Adevarul, nous devrions être moins timides : “Il est probable que dans un futur proche, les Etats-Unis acceptent que leurs armes soient utilisées pour frapper des objectifs militaires en Russie, comme le réclament les Ukrainiens depuis longtemps. L’armée russe pourrait ainsi directement être atteinte au niveau de ses centres de commandement et de communication, ses dépôts d’armes et de munitions…” C’est la différence clairement marquée entre les voisins immédiats du conflit – les anciens pays du bloc de l’Est qui ont connu l’oppression soviétique – et les pays de l’Europe de l’Ouest – la vieille Europe – plus timides et cherchant à empêcher tout impact direct sur le moral de leurs électeurs.
La fuite éclair des troupes américaines et européennes d’Afghanistan a boosté les ambitions russes qui parient sur notre panique.
On vote cette année! Partout. C’est aussi le cas aux Etats-Unis où, pour la première fois depuis des décennies, un enjeu international – la guerre ou l’isolationnisme – est au cœur de la campagne présidentielle de l’automne. Et le portail web ukrainien Censor.net estime que “ce que la Maison Blanche redoute, ce n’est pas une action à grande échelle du Kremlin en réaction à l’autorisation d’utiliser des armes américaines pour frapper Novorossiïsk ou Sotchi. Non, elle s’attend à ce que Poutine, suivant ses habitudes compulsives datant du KGB, tente de commettre un acte de représailles répugnant par le biais de mains étrangères. Qu’il alloue des fonds à des proxys de l’Iran pour que ceux-ci attaquent une ambassade ou une base militaire américaine – qui occasionnerait des morts parmi des citoyens américains. Et cela aurait des répercussions sur le scrutin”.
Il est clair que les Etats-Unis de Biden n’ont à ce stade rien à envier à ceux de Trump. La fuite éclair des troupes américaines et européennes d’Afghanistan a boosté les ambitions russes qui parient sur notre panique. Jusqu’ici les pays occidentaux n’avaient pas autorisé l’Ukraine à utiliser les armes qu’ils lui livraient pour mener des frappes en territoire russe. Mais vu la situation sur le front, Londres et Paris ont déjà assoupli cette règle, et un revirement s’opère aussi aux Etats-Unis. Jens Stoltenberg, secrétaire général sortant de l’Otan jusqu’au 1er octobre, vient aussi de faire une préconisation dans ce sens.
Le portail web turc T24 estime que l’UE va sortir de son inertie. “C’est comme si l’Europe sortait de son hibernation pour se réveiller aux cris de ‘Soldats, réveillez-vous !’. Les armées de l’Otan effectuent de grandes manœuvres militaires en Europe, ce qui montre que l’alliance semble se préparer à un grand conflit militaire. Les Etats baltes se militarisent.”
Au même moment, la Russie, elle, songe à modifier ses frontières en mer Baltique. Vérité ou intox ? Moscou souffle le chaud et le froid. La Finlande, la Suède, les pays baltes et l’Otan doivent agir en étroite concertation, en faisant preuve de retenue mais aussi de détermination, en constituant l’embryon d’une force européenne de réaction dont l’UE a cruellement besoin.
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