Amid Faljaoui

Quand le plus grand banquier du monde flingue l’Europe

Une chronique d’Amid Faljaoui.

Jamie Dimon, patron de JPMorgan, la plus grande banque du monde, vient de faire ce que personne n’ose faire en Europe : un diagnostic brutal. Il s’est exprimé dans un séminaire organisé par l’agence d’informations financières Bloomberg, et selon lui, le vrai danger pour l’Occident… ce n’est pas la Chine. Ce n’est pas l’IA. Ce ne sont même pas les cyberattaques ou les drones russes. Le vrai danger, c’est l’Europe elle-même.

Le banquier le plus puissant au monde rappelle que l’Europe pesait presque autant que les États-Unis, il y a trente ans. L’Europe pesait 90% du PIB américain. Aujourd’hui, elle ne pèse plus que 65 %. Personne ne l’a frappée. Personne ne l’a sabotée. L’Europe s’est affaiblie toute seule selon Jaimie Dimon, à force de confondre progrès et tracasseries administratives.

Dans la version de ce banquier américain, le génie européen n’a pas disparu. Il est juste coincé dans une salle d’attente administrative. On y valide les idées avant de les exécuter, on vérifie les formulaires avant de vérifier la réalité, et on demande trois signatures pour autoriser une quatrième.

Selon ce banquier américain très écouté par les hommes d’affaires du monde entier, pendant que le reste du monde construit des fusées, l’Europe vérifie si le lanceur respecte la directive sur le bruit.

Mais là où Dimon est le plus mordant, c’est lorsqu’il décrit le futur : une Europe trop lente finit par se fissurer. On verrait alors réapparaître un continent fragmenté où chaque pays protège son petit territoire politique : l’énergie ici, l’agriculture là, les frontières ailleurs. Un décor parfait pour les grandes puissances comme la Chine qui préfèrent diviser pour mieux négocier. Bref, l’Europe en se fragmentant ressemblerait à l’Europe d’avant 1914.

Dans ce tableau assez sombre hélas, l’Europe n’est plus un bloc économique : c’est juste un alignement de guichets. Et les grandes puissances n’ont plus besoin de stratégie sophistiquée ; il leur suffit d’avancer case par case, capitale par capitale.

D’ailleurs, le banquier le plus puissant au monde avertit les États-Unis : laisser l’Europe s’affaiblir, c’est affaiblir l’alliance entière. Et dans un monde de tensions, un partenaire en sous-régime devient rapidement un problème de sécurité. Et il le dit sans précaution oratoire, il faudra aider l’Europe malgré elle et par tous les moyens. Car il y va de l’intérêt des Etats-Unis. Pas question selon lui de laisser l’Europe à la dérive. En réalité, ce que ce banquier dit tout haut correspond à ce que le patronat américain pense de nous autres européens : dans la compétition mondiale, l’Europe ne perd pas parce qu’on la dépasse. Elle perd toutes les batailles économiques et notamment celle de l’intelligence artificielle parce qu’elle s’arrête elle-même au milieu de la piste pour… relire le règlement.

Bref, l’Europe étouffe de son hyper réglementation.

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