Amid Faljaoui

Pourquoi un os cassé explique l’abandon de l’Ukraine

Tokyo panique. Séoul s’affole. Et Taipei serre les dents. Une certitude s’impose : l’Asie vient de comprendre une chose essentielle. L’Amérique de Trump ne protège plus personne.

À peine réinstallé à la Maison-Blanche, Donald Trump n’a pas perdu une minute. Il a décroché son téléphone, appelé Vladimir Poutine, et s’est mis à discuter d’un “deal” pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Une grande négociation entre superpuissances. Mais sans l’Ukraine. Et sans l’Europe.

Les alliés ? Oubliés.

Et là, en Asie, ils ont compris. Si Trump est capable d’abandonner l’Ukraine, alors pourquoi protégerait-il Taïwan ? Pourquoi viendrait-il au secours du Japon ou de la Corée du Sud si Pékin décidait d’en finir avec Taipei ?

L’engagement américain en Asie, ce pacte tacite selon lequel Washington défendrait ses alliés en cas d’attaque, vient de voler en éclats. Le Japon et la Corée du Sud, qui ont bâti leur sécurité sur la garantie américaine, voient aujourd’hui leur cauchemar prendre forme.

Le message de Trump est limpide : débrouillez-vous.

Taïwan, seule face à la Chine ?

A Pékin, on observe tout cela avec gourmandise. Car si les États-Unis peuvent brader l’Ukraine sur l’autel de la négociation avec Moscou, qu’est-ce qui empêcherait un “arrangement” similaire sur Taïwan ?

C’est simple : plus personne ne croit à l’entraide américaine.

Et c’est là qu’intervient une vieille leçon d’histoire. Une leçon qui ne parle ni de missiles hypersoniques, ni de porte-avions, ni de jeux d’influence géopolitique. Une leçon qui parle… d’un os cassé.

Je vous pose une question : quel est le premier signe de civilisation ? Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas, car le premier signe d’un civilisation, c’est un… fémur réparé.

Ce n’est pas moi qui le dit mais Margaret Mead, grande anthropologue, qui disait que le premier signe de civilisation n’est pas une arme, une poterie,  l’écriture, le feu, une cité, ou un traité de paix. Non, c’est un fémur fracturé et guéri.

Pourquoi ? Parce que dans la nature, un animal blessé meurt à coup sûr. Un fémur cassé, c’est la condamnation. Plus moyen de courir, de chasser, de fuir. Fin de l’histoire.

Sauf chez l’Homme. Parce qu’un os réparé, c’est la preuve qu’un autre être humain s’est arrêté. Qu’il a soigné, nourri, protégé un individu incapable de survivre seul. C’est là que commence la civilisation : quand on ne laisse pas les nôtres crever dans un fossé.

Et Trump dans tout ça ?

Trump, lui, n’a jamais eu de fémur cassé. Il ne sait pas ce que c’est que d’avoir besoin des autres. Pour lui, l’entraide, c’est une faiblesse. Les alliances, un poids. Les engagements, une option.

L’Ukraine ? Elle n’est plus rentable.
Taïwan ? On verra.
Le Japon et la Corée du Sud ? Bon courage.

Voilà où on en est. L’Amérique, autrefois pilier du monde libre, n’a plus rien à offrir à ses alliés, sauf des deals de marchands de tapis avec des autocrates. Et donc, oui, c’est dommage que Trump n’ait jamais eu le femur cassé !

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