Amid Faljaoui

Pourquoi Tesla baisse-t-il le prix de ses voitures partout sauf en Belgique ?

Elon Musk adore se présenter comme le sauveur de l’humanité ou comme la conscience de l’humanité. En réalité, c’est d’abord et avant tout un génie des affaires qui peut se montrer très cynique quand il le veut.

On l’a encore vu récemment lorsqu’il a réuni des centaines de scientifiques pour signer une pétition dans laquelle il demande une pause de 6 mois avant de continuer à utiliser l’intelligence artificielle, histoire d’évaluer ses conséquences négatives éventuelles. Mais quelques jours après son appel, on apprend qu’il lance, lui aussi, sa propre intelligence artificielle.  « Faites ce que je dis, mais surtout pas ce que je fais ». Et maintenant, c’est avec Tesla qu’il lance une guerre en Europe. Pour la deuxième fois en quelques mois, Elon Musk baisse les prix de son modèle phare : la Tesla Model 3. Et la baisse est de 11.000 euros, selon Le Figaro.

Résultat, la Tesla Model 3 de base coûte  moins cher que la Mégane E-Tech de Renault ou la ID 3 de Volkswagen. Elon Musk est décidément toujours là où on ne l’attend pas. On pensait que la guerre des prix sur les voitures électriques allait venir des constructeurs chinois et finalement c’est Tesla qui dégaine la première en faisant des rabais sur ses voitures. Bien entendu, la stratégie d’Elon Musk est d’envahir le marché des voitures électriques en Europe. Il joue clairement la carte du volume au détriment de sa marge. Mais il peut le faire sans trop de souci, car si sa marge est tombée à 11% contre presque 17% en 2022, il faut bien garder à l’esprit que Tesla dispose encore d’une plus belle marge que Ford qui n’est que de 4% ou que de General Motors qui est de 6.6%.

Pas question de rogner sur les marges

Bien entendu, la Bourse n’aime pas les baisses des marges et fort logiquement le cours de l’action Tesla a chuté cette semaine en Bourse. Mais, et c’est là où les autres constructeurs automobiles râlent secs, c’est que les actions de Ford, de Renault ou de General Motors ont aussi dévissé en Bourse. Dans le cas de Renault, c’est même injuste, car le constructeur français venait juste d’annoncer un chiffre d’affaires en hausse de 30%. Et malgré ce bon chiffre, son action chut. Pourquoi ? Parce que la Bourse est une machine à anticiper le futur. Et le futur selon la Bourse, c’est qu’il y aura une guerre des prix qui forcément sera fatale aux marges de l’industrie automobile. Mais la Bourse peut aussi se tromper. Pour l’instant, toutes les déclarations des patrons des autres constructeurs auto vont dans le même sens : le patron de Tesla peut baisser ses prix, mais les autres constructeurs ne comptent pas le suivre. Ils estiment que la pénurie des semi-conducteurs n’est pas totalement terminée et que les délais de livraison restent encore longs. Il n’est donc pas question de rogner sur les marges.

Petite précision, si Tesla baisse ses prix partout en Europe, au moment où je vous parle, ce n’est hélas pas le cas en Belgique, ou pas encore. L’explication que l’on m’a donnée, et je vous la livre telle quelle, c’est que Tesla n’en a pas besoin. La raison ?  En France ou aux Pays-Bas, des primes sont attribuées aux voitures électriques, mais sont souvent liées à un prix plafond. En baissant ses prix, Tesla rend ses voitures éligibles à ces primes. En Belgique, il n’y a pas de prime, et l’avantage le plus significatif est orienté vers les voitures de sociétés avec une déduction de 100% au lieu de 67% pour une voiture à carburant. Ceci expliquerait cela.

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