Amid Faljaoui
Nos élections communales et l’éléphant que personne n’a vu au milieu de la pièce
Félicitons les bourgmestres qui sont sortis victorieux du scrutin communal. Passé l’euphorie de la victoire, ils devront faire face à la dure réalité qui est celle de la faillite virtuelle cinq des plus grandes villes francophones de Belgique ! Après les mercis de convenance aux électeurs, ces villes qu’aucune banque belge ne veut financer (la honte) – du moins tant qu’elles n’auront pas mis de l’ordre dans leurs comptes – devront revoir drastiquement à la baisse leurs missions et les services rendus aux citoyens.
Quant au gouvernement fédéral, il va pouvoir enfin voir le jour, sans doute dirigé par Bart De Wever, maintenant qu’il a été réélu triomphalement à Anvers. Mais là aussi, passé l’euphorie, ce sera le retour de l’austérité qui ne dira pas son nom, pour ne pas effrayer les citoyens. Des doutes ? La banque nationale de Belgique, notre gardien du temple, l’a encore redit fin de semaine dernière : il faudra faire le ménage dans les comptes publics. Le grand “hic”, c’est que la baisse de la dépense publique, tout le monde en parle, mais personne ne la pratique. Regardez les circonvolutions de nos voisins français, ils n’y arrivent pas non plus.
Rien de plus normal, car derrière ce terme de dépenses publiques ou dépenses sociales, il y a des catégories de personnes bien précises, comme des retraités, des fonctionnaires, des indépendants, des patrons, des salariés du privé et du public, bref, aucune de ces catégories ne voudra se laisser faire plumer. Mais, à défaut de pouvoir baisser vraiment les dépenses, il faudra bien regarder du côté des impôts et des taxes en tous genre.
Notons que la vraie victoire de la semaine ne s’est pas déroulée dans les urnes communales en Belgique, mais du côté du comité Nobel. Coup sur coup, après le prix Nobel de physique, c’est le prix Nobel de chimie qui a été attribué à des scientifiques qui ont travaillé sur l’intelligence artificielle et notamment pour Google. C’est un signal très fort pour les personnes qui doutaient encore du potentiel de l’intelligence artificielle et de ses bénéfices. Pour le docteur Laurent Alexandre, grand spécialiste de l’IA, le fait que Google devienne en quelque sorte une fabrique à prix Nobel montre surtout qu’une grande vague d’innovations est devant nous.
La vraie victoire de la semaine ne s’est pas déroulée dans les urnes communales en Belgique, mais du côté du comité Nobel.
À titre d’exemple, les récipiendaires du prix Nobel de chimie ont découvert en quelques semaines la structure en trois dimensions de 200 millions de protéines, et comme le précise encore Laurent Alexandre, ce travail réalisé avec l’aide de l’intelligence artificielle, “c’est l’équivalent du travail d’un milliard de biochimistes humains pendant un an”. Bref, écrit-il, “sans l’IA, ce travail aurait pris plusieurs milliers d’années à la communauté scientifique mondiale”. Certes, je vous ai parlé d’impôts pour le futur, mais la bonne nouvelle qui l’éclipse et de loin, c’est que l’IA aux dires mêmes de ces nouveaux prix Nobel va réduire de cinq à deux ans le temps de développement des nouveaux médicaments ! Effectivement, que ce soit pour le climat, la médecine ou les marchés financiers, l’intelligence artificielle va bouleverser notre monde.
Hélas, joli paradoxe, que ce soit au niveau fédéral ou communal… : aucun de nos politiques n’en a parlé. Dommage, car s’ils ont déjà perdu le contrôle des taux d’intérêt au profit de la BCE, ils ont perdu le contrôle de leur budget au profit des règles de Maastricht appliquées par la Commission européenne, et là, ils sont en train de perdre leur pouvoir sur le devenir de nos sociétés. Dommage encore une fois, car comme me le dit souvent un ami “la pire place, c’est la place où tu étais l’an dernier”.
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