Eddy Caekelberghs

Nul n’est au-dessus des lois, pas même Nicolas (Sarkozy)!

Eddy Caekelberghs Journaliste à La Première (RTBF)

Après l’incarcération inédite de Nicolas Sarkozy en 2025, la France a connu un temps de sidération et de débats intenses autour de la justice et du politique. L’ancien chef d’État, condamné à cinq ans de prison pour “association de malfaiteurs” dans l’affaire des financements libyens, avait certes fait appel, mais s’était néanmoins vu imposer une détention ferme, illustrant de façon spectaculaire l’affirmation constitutionnelle selon laquelle nul n’est au-dessus des lois. Dans une nation où la défiance envers les institutions avait atteint un sommet, ce geste marquait un tournant, aussi bien pour le peuple que pour ses élites, et touchait à la conception même de la République. Non sans soulever d’épineux débats de fond et de forme dans le sérail politique, médiatique et de l’opinion publique.

L’opinion publique s’était tout de suite emparée de l’affaire, y lisant tour à tour un progrès démocratique ou une instrumentalisation politique. Pour beaucoup, ce fut la preuve salutaire que la justice s’exerçait également à l’encontre des plus puissants, dans un contexte où deux tiers des Français déclaraient ne pas faire confiance à leurs dirigeants. D’autres, particulièrement à droite et à l’extrême droite, dénonçaient une procédure dévoyée et politisée, voyant dans la décision une revanche contre celui qui symbolisait un pan entier de la vie politique. Ce clivage reflétait un vieux conflit entre peuple et élite, ravivé par la crise politique et l’essor du populisme. L’incarcération fut ainsi analysée comme la cristallisation d’une hostilité croissante envers les “grands”, la justice paraissant tour à tour garante ou destructrice de l’ordre démocratique. Une justice de plus en plus confrontée au pouvoir exécutif et de plus en plus suspecte aux yeux de ce dernier.

La complexité des faits et la gravité des accusations ont été souvent occultées au profit de la narration autour de la “chute d’un grand homme”.

L’affaire Sarkozy avait également révélé le rôle ambigu de la médiatisation : certains journalistes reprochaient aux médias le traitement émotionnel et spectaculaire de l’événement, réduisant la profondeur des débats sur les causes réelles du scandale. La complexité des faits et la gravité des accusations étaient souvent occultées au profit de la narration autour de la “chute d’un grand homme”.

Sur le plan judiciaire, la mise en détention de l’ancien président s’inscrivait, selon de nombreux observateurs, dans une stricte conformité aux règles : il s’agissait de prévenir tout risque de fuite, de pression sur les témoins ou de destruction de preuves. La règle valait pour tous, quelle que soit la stature de l’accusé, et ce traitement ne constituait pas une exception dans le déroulement habituel de telles procédures pénales. Mais, à la suite de plusieurs semaines de privation de liberté, la justice a fini par décider la libération de Nicolas Sarkozy sous contrôle judiciaire strict, compte tenu de circonstances atténuantes mises en avant par ses défenseurs et de la nécessité de garantir la sérénité de la procédure d’appel.

Cette évolution a relancé les débats : la remise en liberté de l’ex-président, même partielle et encadrée, pose la question de l’équilibre entre l’autorité de la justice, la présomption d’innocence, et le respect du principe d’égalité devant la loi. On retiendra finalement de cette séquence la complexité d’un moment politique et judiciaire où la fonction présidentielle s’affrontait à la force normative de l’État de droit, où la société tout entière, confrontée à la fragilité de ses certitudes démocratiques, devait repenser ses attentes vis-à-vis d’une justice critiquée et plus nécessaire que jamais. Pour échapper à l’adage “selon que vous soyez riche ou misérable…”.

Suivez Trends-Tendances sur Facebook, Instagram, LinkedIn et Bluesky pour rester informé(e) des dernières tendances économiques, financières et entrepreneuriales.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire