Amid Faljaoui
NFT, FTX et WeWork : 110 ans de prison pour l’un et la fin des contes de fées pour les autres
Tout ce qui brille n’est pas de l’or. L’actualité récente l’a encore montré même si les informations auxquelles je fais allusion ont été éclipsées par la dramatique guerre au Proche-Orient.
D’abord, il y a la déconfiture des NFT, vous savez ce sont ces jetons non fongibles qui vous donnent droit, par exemple, à une part virtuelle d’une image numérique.
Le marché des NFT avait intéressé de nombreux investisseurs y compris des sociétés de luxe ou le marché de l’art. J’avais moi-même animé un débat sur le sujet dans le cadre d’une foire d’art. D’ailleurs, le buzz en 2021 tournait autour de quelques collectionneurs qui avaient gagné des dizaines de millions avec ces NFT purement virtuels.
Et puis, patatras, quasi deux ans après, une étude de la société DappGamble montre que 95% de ces NFT valent…. Zéro ! Rien. Pour la simple raison, encore une fois, que la cupidité humaine a permis des manipulations de ce marché. Au final, les NFT, se sont retrouvés pour partie être un « repaire pour les pyramides de Ponzi », une technique vieille comme le monde « qui consiste à faire payer des supposés gains au précédent entrant mais par l’argent du dernier entré dans cette pyramide » comme le rappelle l’excellent commentateur boursier Marc Fiorentino. Au final, les noms des fraudes ou des bulles sont nouvelles, mais la technique reste identique. Rien de neuf sous le soleil de l’escroquerie.
La semaine dernière, deux autres nouvelles nous rappellent que la naïveté humaine n’a pas de limites. D’abord, avec la faillite de la société WeWork. A elle seule, cette faillite est le symbole de l’explosion d’une bulle immobilière dans le secteur du co-working. La raison ? WeWork valait à un moment donné 47 milliards de dollars. Mais le triste résultat, c’est qu’après plusieurs déboires, la société a perdu 40% de ce qui lui restait comme valeur en une seule (!) séance boursière. Honte suprême, le nom de WeWork s’est transformé en WeCrashed, nom d’une nouvelle série télévisée produite par Apple TV décrivant par le menu le naufrage de cette société leader mondiale du co-working. Les amateurs de ce genre de série télévisée découvriront qu’elle dépeint avec beaucoup de détail, les excentricités et le côté manipulateur d’Adam Neumann, le fondateur de WeWork.
Mais comment ne pas terminer cette recension de l’horreur, sans évoquer FTX, la fameuse plateforme d’échange du monde des cryptomonnaies. Son patron Sam Bankman, un génie des mathématiques, à peine âgé de 31 ans, vient d’être condamné par un jury populaire de New York à 110 ans de prison.
Tous ses associés y compris son ex-compagne l’ont accablé durant ce procès. Le jury n’a eu aucun doute et l’a finalement reconnu coupable d’avoir détourné l’argent de ses clients pour financer un fonds spéculatif lui permettant de financer son train de vie plus qu’excentrique.
Elément épatant dans cette histoire, c’est la rapidité foudroyante de la justice américaine. A peine quelques mois entre la découverte du pot aux roses et le verdict même si la sanction définitive aura lieu en mars prochain. Imaginez le même procès en Belgique ou en France, nous serions partis pour 20 ou 30 ans de procédures interminables.
Plus globalement, ces 3 exemples démontrent, chacun à leur manière, que la fin de l’argent facile, de l’argent magique lié aux taux d’intérêt à 0%, c’est fini. Marc Fiorentino a aussi raison de dire que c’est aussi la fin des contes de fées.
Sur ce dernier point, face à la remontée des taux, certains dirigeants de start up qui me lisent en savent quelque chose. Vu les alternatives aujourd’hui à la disposition des investisseurs, la rentabilité redevient un enjeu majeur. Le capital patient est redevenu impatient. Mais je vous « rassure », d’autres scandales financiers auront lieu, car la naïveté et la cupidité humaine n’ont aucune mémoire. Ou alors, celle d’un poisson rouge.
Entre une légende bien ficelée – aujourd’hui, c’est plus chic, on dit « storytelling » – et une vérité plate, l’être humain prendra toujours la légende pour argent comptant. Autrement dit, d’autres bulles viendront. C’est dans l’ordre des choses, c’est la vie. Nous avons besoin de croire. Les uns en l’au-delà et d’autres dans l’argent facile, sans effort. Bref, le raccourci suprême pour la prison ou la faillite, voire les deux.
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