Amid Faljaoui
Montée de l’extrême droite et intelligence artificielle: l’éléphant au milieu de la pièce que personne ne voit
Je parlais hier soir avec un homme politique important qui s’étonnait que la campagne électorale ne démarrait pas vraiment à Bruxelles. Il parlait surtout de la campagne électorale locale, mais pour les élections européennes, je me demande si elles ne vont pas vraiment démarrer maintenant.
En effet, le représentant de l’extrême-droite néerlandaise, Geert Wilders, a fini par trouver un accord avec d’autres partis de droite, et il pourra donc former une coalition et donc monter au gouvernement. C’est une première pour les Pays-Bas, et cela va rouvrir le débat sur la montée de l’extrême droite en Europe.
Aujourd’hui que constate-t-on en réalité ? Que l’Europe est confrontée indirectement, via l’Ukraine, à un ennemi externe : la Russie. Mais en réalité, les Européens, et les sondages le montrent, sont inquiets par deux ennemis : l’ennemi externe, la Russie donc, mais aussi l’ennemi interne, autrement dit, le migrant qui fait peur à une partie de la population. Et la géographie européenne joue son rôle : plus on s’éloigne de Moscou et on se rapproche de la Méditerranée et plus la question de l’ennemi interne est forte, avec la peur de perdre son identité. Et plus on se rapproche de Moscou et plus la peur de l’ennemi externe, la Russie, est forte. Voilà pour le constat.
Lors des débats liés à une éventuelle vague brune au parlement européen revient sans cesse le débat sur la nécessité pour l’Europe d’ouvrir ou non ses portes à une immigration contrôlée. Notamment pour compenser le fait que les Européens ne font plus assez de bébés pour assurer leur modèle social et que les entreprises pleurent en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Mais même ce débat va être arbitré par l’intelligence artificielle comme le fait remarquer le docteur Laurent Alexandre, l’un des meilleurs spécialistes de l’intelligence artificielle. Pourquoi ? Mais parce qu’à force de parler de ChatGPT, on en arriverait aussi à oublier la « robolution » qui est en marche devant nous et que personne ne regarde, un peu comme l’éléphant au milieu de la pièce que personne ne voit.
Toutes les sociétés de la Silicon Valley sont en train de mettre au point des robots humanoïdes qui non seulement auront d’ici peu la dextérité manuelle d’un être humain, mais aussi le QI d’un polytechnicien. En clair, ces robots humanoïdes vont casser la distinction entre travail manuel et intellectuel, car ils auront, comme le dit le docteur Laurent Alexandre, toutes les fonctions que l’on voudra : majordome, conseiller, confident, médecin, précepteur de nos enfants, amis, amant exactement comme dans le film Her. Loin d’être de la science-fiction, il suffit juste de reprendre la déclaration d’Elon Musk, le 24 janvier dernier, il déclarait qu’il y aura « un milliard de robots humanoïdes en 2040 ». Demain donc !
Ce qui veut dire que ce débat sur l’immigration n’aura même plus lieu, car l’Europe n’aura pas besoin d’amener du sang neuf sur son territoire. L’Europe aura un autre souci, beaucoup plus important à relever : que va-t-elle faire des personnes qui seront écartées du marché de l’emploi par ces robots humanoïdes ?
C’est d’ailleurs cela le problème avec la politique : elle avance au rythme des élections avec les logiciels d’hier et d’avant-hier, alors que la technologie, elle, avance à une allure exponentielle. Pour ceux et celles qui doutent de cet avenir, je les incite à regarder le post sur X (l’ex Twitter) de la société Unitree Robotics qui montre une vidéo avec un robot humanoïde très souple et qui ne coûte que… 16.000 dollars.
Mais les médias grand public ne parleront que de l’arrivée de Geert Wilders au gouvernement, alors qu’en réalité, même ce débat est d’ores et dépassé. L’éléphant est au milieu de la pièce, mais nos politiques ne le voient pas et n’en parlent pas.
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