Trump menace, l’Europe hésite. Une scène déjà vue, mais qui mérite qu’on y regarde de plus près.
La semaine dernière, Donald Trump a brandi une menace claire : 50 % de droits de douane sur plusieurs produits européens dès le 9 juillet. Ursula von der Leyen, qui disait encore récemment qu’elle n’interviendrait que pour finaliser un accord, décroche son téléphone. Moins de 48 heures après. Résultat : délai prolongé. Mars a encore frappé — et Vénus a plié. Apparemment.
Le titre, emprunté à mes confrères du Financial Times, n’est pas qu’un clin d’œil géopolitique. Il dit tout : deux planètes, deux logiques.
Trump agit seul, impose sur-le-champ, recule aussi vite qu’il avance. Peu lui importe la légalité : tant que les tribunaux américains ne l’arrêtent pas, il continue. L’Europe, elle, n’a pas cette liberté. Chaque décision commerciale passe par l’accord des 27 États membres, discussions techniques, consultations politiques, compromis lents. Pas par faiblesse, mais par structure.
L’Europe s’organise
Et pourtant, l’Europe s’organise. Un premier paquet de représailles de 21 milliards d’euros est sur la table. Maïs, blé, motos, vêtements… Et une deuxième liste, plus massive encore, attend dans les tiroirs. Mais comme toujours, les États membres affinent. La Belgique, par exemple, a déjà obtenu que les diamants soient exclus. Habile et discret.
La vraie différence est ailleurs : dans les méthodes. L’Europe parle de “rebalancement”, là où Trump parle de guerre. Bruxelles ajuste quand Washington cogne. Et Trump joue sur cette retenue. Il parie sur le court terme, l’effet électoral, le coup de force. L’Europe, elle, parie sur l’interdépendance.
Et elle n’a pas forcément tort. L’Union européenne reste le plus grand marché économique du monde. Les entreprises américaines y sont massivement présentes. Une guerre commerciale nuirait à tous — surtout aux États-Unis, qui vivent une inflation élevée, une croissance incertaine, et une campagne électorale sous tension. Si Trump hausse les tarifs, les États-Unis s’exposent autant que l’Europe.
Une Europe pas si naïve qu’on le croit
Alors non, cette Europe patiente, procédurière, consultative, n’est peut-être pas si naïve qu’on le croit. Si elle était si faible, pourquoi Trump s’acharnerait-il à la faire plier ? Peut-être parce qu’il sait que derrière les lenteurs apparentes, elle résiste. À sa manière.
Mars frappe fort. Mais Vénus tient bon. Et dans ce bras de fer transatlantique, rien ne dit que le silence diplomatique européen ne finira pas par peser moins que les cris d’intimidation.