Amid Faljaoui
L’intelligence artificielle et les chiffres magiques
On dit souvent que l’Histoire se répète, c’est l’impression que j’ai en ce moment. Je vais vous le démontrer au travers de deux chiffres que je qualifierai de magiques.
Vous connaissez beaucoup de sociétés qui investissent la coquette somme de 10 milliards dans une start up et qui voient leur propre valeur boursière augmenter de 500 milliards quelques mois après? C’est exactement ce qui s’est passé pour Microsoft. Cette société a eu la bonne idée de miser sur OpenAI, la société mère de ChatGPT, et hop, en l’espace de quelques mois, sa capitalisation boursière a grimpé de 500 milliards de dollars. Si ça, ce n’est pas de la magie, qu’est-ce que c’est alors?
Même trajectoire pour la société Nvidia, bien connue des boursicoteurs. Elle fabrique des puces pour les outils conversationnels à base d’intelligence artificielle. Son cours a grimpé de 96% depuis le mois de janvier grâce à cette technologie. La Bourse américaine elle-même ne jure plus que par l’IA. Bien sûr, les résultats, le cours du pétrole, la géopolitique, les taux d’intérêt continuent à influencer les cours de Bourse, mais aujourd’hui, l’un des « drivers » de la Bourse américaine, c’est cette fameuse intelligence artificielle.
D’ailleurs, si je vous dis que l’Histoire se répète, c’est parce qu’on a connu des engouements pareils début de l’année 2000. À l’époque, c’était les prémisses d’Internet. Toutes les sociétés qui voulaient attirer le regard des investisseurs accolaient un .com derrière leur nom, même si elles n’avaient rien à voir avec la technologie. Aujourd’hui, c’est ringard et évident, mais à l’époque, c’était nouveau et donc magique. On sait aussi que la bulle internet a explosé en l’an 2000 et que beaucoup de sociétés.com ont été envoyées au tapis. C’est sans doute ce qui risque d’arriver à d’autres qui profitent de l’intérêt des investisseurs pour l’IA pour lever des millions de dollars. La suite, on la connait déjà. Il y aura quelques élus et puis, comme toujours, la valorisation de certaines de ces sociétés gonflées à l’hélium de l’IA va grimper, grimper, grimper et puis exploser comme la grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf, dans la Fable de Jean de La Fontaine.
La valorisation de certaines sociétés gonflées à l’hélium de l’IA va grimper, grimper, grimper et puis exploser comme la grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf
La Bourse a déjà commencé son jeu de massacre contre les sociétés qui vont être chahutées par l’intelligence artificielle. Là aussi, j’ai deux chiffres magiques à partager avec vous. Chegg, vous connaissez? Aux Etats-Unis, cette firme est spécialisée dans l’assistance, l’aide aux devoirs des étudiants… En bref, c’est une société d’apprentissage en ligne. Mais voilà, son cours de Bourse a dégringolé de 50% en une seule séance et un milliard de dollars s’est volatilisé en quelques minutes. Pourquoi? Parce que le patron de Chegg a avoué que depuis l’arrivée de ChatGPT, il rencontrait des difficultés à recruter des étudiants pour son assistance en ligne, car ces derniers pensent que ChatGPT sera plus efficace pour les aider. Ce patron a aussi avoué que les chiffres du second semestre 2023 risquent de ne pas être terribles. Ce qui a permis à la presse américaine de titrer que “Chegg était la première victime de l’intelligence artificielle”. Première, car la Bourse s’est aussitôt mise en chasse d’autres profils similaires. Des sociétés susceptibles d’être déstabilisées ou éliminées par l’IA. Comme si ça ne suffisait pas, le patron d’IBM n’a rien trouvé de mieux à dire que sur ses 26.000 employés administratifs salariés, un tiers sera remplacé par l’IA d’ici 5 ans maximum. Et qu’en attendant, il gelait toutes les embauches de personnel administratif chez IBM.
On m’a toujours expliqué qu’un bon manager, c’est quelqu’un qui importe de l’énergie négative pour exporter de l’énergie positive. Le patron d’IBM fait exactement le contraire.
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