Amid Faljaoui
LinkedIn, révélateur des mutations du marché de l’emploi
Il y a parfois des interviews à ne pas manquer, c’est le cas de celle de Ryan Roslansky le patron mondial de LinkedIn accordée à mes confrères français du quotidien économique Les Echos.
Pour la plupart de mes lecteurs, LinkedIn est associé à la couleur bleue de l’application qui se trouve sur leur téléphone portable. En réalité, derrière cette appli, on retrouve la plus formidable machine à récolter de l’information sur le marché de l’emploi.
D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que Microsoft a racheté cette pépite de la Silicon Valley en 2016 pour la modique somme de 27 milliards de dollars. A l’époque, les commentateurs croyaient que cette somme était une folie pure et simple. Quelques années plus tard, chacun a compris que Microsoft a fait, en réalité, une belle affaire.
La preuve, l’an dernier en 2022, cette plate-forme de recrutement a dégagé en une seule année presque 14 milliards de dollars de revenus. J’en reviens à ce que peut nous fournir comme information la masse de données qui se trouve sur LinkedIn. N’oublions pas que chaque jour 930 millions de personnes s’y connectent de par le monde. Les informations qu’elles y laissent valent de l’or.
D’abord, les chiffres montrent que le marché de l’emploi a aussi ses cycles. Durant la crise sanitaire, le nombre de personnes qui aspiraient à changer de job avait augmenté de 100% certains mois dans certains secteurs nous dit le patron de LinkedIn.
Aujourd’hui, trois ans plus tard, qu’est-ce qu’on constate ? Que nous sommes revenus à des niveaux similaires d’avant la pandémie. Le marché de l’emploi a lui aussi ses hauts et ses bas. C’est une bonne nouvelle pour les employeurs, le retour de la stabilité des employés est en cours. En revanche, ce qui est clair, c’est que la demande de télétravail va perdurer. Là encore, sur les 15 millions d’offres d’emplois postés sur LinkedIn, seulement 2% d’entre elles étaient pour des emplois à distance avant la pandémie. Ce chiffre a ensuite grimpé jusqu’à 21% en avril 2022. Aujourd’hui, nous sommes retombés à 12%. En clair, l’offre de télétravail n’est pas aussi élevée que durant la pandémie, mais plus élevée qu’avant. Autre information intéressante à noter : les 12% d’offres d’emplois qui proposent le télétravail attirent 49% des candidatures. Ce qui montre que la demande pour travailler à domicile reste forte 3 ans après la crise sanitaire.
Sur ce plan, les entreprises sont encore réticentes. On le voit bien avec les chiffres donnés par le PDG de LinkedIn aux Échos. Car, si pendant la pandémie l’offre de télétravail était montée à 21%, elle n’est plus que de 12% aujourd’hui. Ce qui pose la question suivante : les entreprises n’écoutent-elles pas les aspirations de leurs employés ? La réponse est oui. Mais, si elles sont encore réticentes sur le télétravail, les entreprises se lâchent plus sur les valeurs.
Comment le sait-on ? Là encore, LinkedIn est une mine d’or. Les consultations des offres d’emplois qui comportent des mots-clés ou les références aux valeurs ou à la mission des entreprises ont augmenté de 300% de la part des postulants. Cela confirme ce que nous vous répétons depuis des mois sur ce site : le marché de l’emploi n’est plus un marché de la sélection, mais de la séduction. C’est le candidat qualifié qui choisit son employeur et plus l’inverse.
La génération Z qui est très attentive aux aspects sociaux et environnementaux en est l’exemple type. C’est une génération qui veut savoir pour qui elle travaille et qu’elles sont les positions de l’entreprise à l’égard de l’environnement et des grands sujets de société que ce soit la diversité ou la parité.
Mais ça, c’était avant l’arrivée de l’intelligence artificielle. Si une bonne partie des tâches des cols blancs sont bientôt automatisées, qui va devoir séduire qui d’ici 2 ou 3 ans, l’employeur ou le postulant ? Je vous laisse méditer sur cette question et n’hésitez pas à me faire part de vos remarques sur mon compte… LinkedIn !
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