Amid Faljaoui
Les réseaux sociaux bientôt payants ?
Les fanas des réseaux sociaux, dont je ne fais pas partie, ont peut-être des soucis à se faire, car des réseaux sociaux gratuits comme Meta, l’ex-Facebook ou Instagram ou Snapchat risquent de devenir payants d’ici quelques semaines ou quelques mois.
Les réseaux sociaux sont totalement gratuits depuis leur naissance. D’ailleurs, il n’y a pas une lectrice ou un lecteur qui ne connait pas la fameuse phrase : si c’est gratuit, c’est que c’est vous qui êtes le produit. De fait, tous ces réseaux sociaux sont gratuits parce que nous acceptions volontairement de nous faire aspirer nos données numériques personnelles pour que Facebook, par exemple, puisse nous envoyer des publicités ciblées. Alors, pourquoi changer un modèle gagnant ? Si vous posez la question aux dirigeants de ces réseaux sociaux, ils vous diront que ce n’est pas leur faute, mais celles des autorités européennes.
L’Europe a imposé une nouvelle législation pour protéger les consommateurs. C’est le Digital Services Act (DSA) qui impose notamment aux réseaux sociaux de mieux modérer le contenu de leurs plateformes. Cette opération a évidemment un coût qu’il faut bien combler. D’autant que l’Europe représente par exemple 25% du chiffre d’affaires de Meta. Pour compenser ce manque à gagner, Meta et d’autres songent donc à proposer une offre premium. En résumé, soit nous acceptons que nos données soient exploitées pour nous mettre sous les yeux des publicités personnalisées, soit nous souhaitons être à l’abri des publicités personnalisées, mais dans ce cas nous devrons payer un abonnement pour continuer à utiliser ce réseau social.
Cette différenciation va poser un autre problème. Avec les abonnements payants, les utilisateurs peuvent faire plus de choses intéressantes qu’avec une offre gratuite. Ce qui est normal. Si vous voulez faire payer quelqu’un, il faut aussi lui donner un petit plus. Dans le cas de Twitter, un abonné aura une meilleure visibilité qu’un utilisateur gratuit. L’abonné pourra aussi télécharger des vidéos en HD et dans des conditions optimales et il pourra même diffuser du contenu vidéo en direct. Pourtant, malgré ces différences, la formule payante de Twitter est pour l’instant un échec.
Et cet échec n’étonnera que les naïfs. En effet, les seules personnes qui vont souscrire à un abonnement sont des personnes qui ont une utilisation professionnelle des réseaux sociaux. Les autres, l’immense partie de la population continuera avec la formule gratuite. C’est normal, car on dit souvent que dans le cadre d’un réseau social, 1% de ses visiteurs produit du contenu, 9% d’entre eux commentent ou likent et le solde, çàd 90% des visiteurs sont juste….passifs.
Bref, le réseau social n’est que la représentation de la vie réelle. C’est toujours la pointe de l’aiguille de la société qui bouge et le reste de la population adopte une attitude de feuille morte. Et ça, c’est vieux comme le monde. Les propriétaires des réseaux sociaux le savent bien, leur business, au fond, c’est de profiter de l’inertie de la population.
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