Amid Faljaoui
Les élections de l’ingratitude et le drame du décret paysage
En Belgique ou en France, les hommes et femmes politiques devraient prêter attention aux développements politiques aux États-Unis, car ce qui se passe là-bas finit toujours par influencer l’Europe.
À l’approche des élections de juin prochain, les hommes et femmes politiques devraient reconnaître que les bons résultats économiques ne garantissent plus automatiquement une élection ou réélection. Une de mes collègues dans la presse économique va même jusqu’à suggérer que les prochaines élections présidentielles aux États-Unis seront des élections de “l’ingratitude”. Elle fait référence à la célèbre phrase attribuée à Bill Clinton, selon laquelle “It’s the economy, stupid” (“C’est l’économie, idiot”). Cette maxime soulignait l’importance primordiale de l’économie dans le processus électoral. Cependant, les temps ont changé.
Autrefois, un bilan économique médiocre était synonyme de défaite électorale, comme cela fut le cas pour George W. Bush lors de l’explosion de la crise des subprimes. Mais aujourd’hui, cette règle semble ne plus s’appliquer. Aux États-Unis, malgré une économie florissante avec un chômage au plus bas et une croissance impressionnante, les sondages penchent en faveur de Donald Trump. La confiance des électeurs ne semble plus être corrélée à la santé économique du pays. Cette tendance est attribuée en partie à l’impact des réseaux sociaux et des médias partisans, qui favorisent l’hystérie au détriment de la raison. Les algorithmes des réseaux sociaux enferment les gens dans des bulles cognitives, ne leur présentant que les informations qui confortent leurs opinions préexistantes.
Cette polarisation conduit à une perte de rationalité chez les électeurs, les plongeant dans un état de fanatisme où le ressenti prime sur la réalité. L’émergence de l’intelligence artificielle ne fera qu’accentuer cette fracture en permettant la diffusion de contenus sophistiqués qui manipulent les perceptions. En Belgique, on est plus fort encore. Certains partis ont décidé – sans l’aide de l’intelligence artificielle – de dévaloriser le diplôme universitaire. Comme le fait remarquer Jean Hindriks, de l’UCL, le PS et Ecolo ont remis au gout du jour, la loi de Parkinson: plus de temps on a pour obtenir un diplôme, plus on prendra de temps pour l’obtenir. Cette décision reflète une tendance inquiétante où l’intelligence biologique semble se diriger vers un précipice, sans même avoir besoin de l’intelligence artificielle pour l’y conduire.
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