“Les Allemands ne peuvent plus vendre leurs voitures, alors ils vont vendre des chars”


Cette phrase, lâchée par un grand patron français auprès de mes confrères du Financial Times, résume à elle seule le séisme qui secoue l’Europe. Et ce séisme a un nom : Donald Trump.
Oui, l’homme qui a menacé l’OTAN, courtisé la Russie, attaqué l’UE à coups de tarifs douaniers et encouragé les populistes sur le Vieux Continent pourrait bien décrocher, malgré lui, le titre de plus grand artisan de l’unité européenne depuis des décennies.
Parce qu’au lieu de s’effondrer sous la pression, l’Europe se ressoude. Pas par amour, non, mais par instinct de survie comme le démontre le Financial Times.
Première secousse : la défense
Jusqu’ici, les Européens vivaient sous le parapluie militaire américain, confortablement installés dans l’illusion d’une protection éternelle. Puis Trump a commencé à traiter l’OTAN comme un service d’abonnement qu’il pourrait couper sur un coup de tête. Résultat ? L’UE met sur la table 150 milliards d’euros pour renforcer son industrie de défense et réduire sa dépendance aux armes et technologies américaines.
L’Allemagne, longtemps pacifiste par nécessité, voit désormais l’intérêt économique de ce virage. D’où la petite phrase assassine : après les berlines, les blindés.
Deuxième choc : la dette commune
L’idée que l’Europe puisse lever de la dette ensemble ? Une hérésie pour l’Allemagne… jusqu’à récemment. Mais entre la pandémie, qui a fissuré le dogme de la rigueur budgétaire, et Trump, qui rend le dollar aussi stable qu’une girouette en pleine tempête, Berlin commence à changer de ton. Un grand marché obligataire européen pourrait émerger, et avec lui, un euro renforcé comme alternative au dollar.
Dernière onde de choc : le Brexit en mode retour
Le Royaume-Uni pensait avoir tourné la page de l’UE. Mais avec une Amérique imprévisible, Londres réalise qu’elle a peut-être quitté le navire un peu vite. Keir Starmer et Emmanuel Macron se rapprochent sur la question ukrainienne, et une nouvelle alliance militaire entre l’UE et le Royaume-Uni n’est plus un tabou. Un moyen subtil de recréer du lien sans rouvrir le débat explosif du Brexit.
Alors oui, il y aura des disputes. Paris et Berlin se chamaillent déjà sur la gestion des milliards européens. Mais l’Europe a toujours avancé ainsi, dans la douleur et sous la contrainte des crises. L’union monétaire, la construction européenne… chaque grande avancée est née du chaos.
Cette fois, c’est Trump qui joue le rôle de catalyseur. Il ne gagnera jamais le Nobel de la paix comme il le desire tant. Mais pour le prix Charlemagne, qui récompense ceux qui font avancer l’unité européenne ? Ironiquement, il pourrait presque le mériter.
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