Amid Faljaoui

L’économie, c’est la vie en mouvement, car derrière les chiffres et les graphes, il y a toujours l’humain

A ceux et celles qui me disent parfois que l’économie, c’est quelque chose de trop sérieux voire même d’ennuyeux, je passe mon temps à  démontrer le contraire. Notamment au travers de cette chronique radio quotidienne.

Un exemple parmi d’autres repéré par l’excellent Marc Fiorentino dans sa lettre d’information. Le consultant McKinsey a dévoilé une étude mondiale sur le télétravail et cette étude peut être résumée par un chiffre : 1300 milliards de dollars. C’est l’impact financier qu’aura le télétravail sur l’immobilier des principales villes du monde. 1300 milliards de dollars qui vont s’évaporer comme neige au soleil d’ici 2030 à cause du télétravail.

Sur l’immobilier résidentiel, l’impact sera plus faible, même si on le voit dans les grandes villes européennes, avec des collaborateurs qui préfèrent s’éloigner du centre-ville et qui acceptent donc d’avoir des temps de trajets plus longs, qu’ils assument mieux que par le passé, car ils ne viennent plus que 2 ou 3 jours par semaine au bureau !

En revanche, l’impact du télétravail, selon McKinsey, sera terrible pour l’immobilier de bureau. Plus les entreprises ont recours au travail à distance, plus elles diminuent logiquement la taille de leurs bureaux et donc leurs charges de loyer. Et évidemment cela impacte le business des promoteurs immobiliers de plein fouet. Le plus cocasse dans cette histoire de télétravail, c’est de voir qu’une entreprise comme Zoom (dont nous utilisons l’application tous les jours) fait le forcing pour imposer à ses employés la présence au bureau 5 jours sur 5.

Je vous ai parlé d’un chiffre : 1300 milliards de dollars de perte pour l’immobilier de bureau, et maintenant, je vais vous parler de la voix,  notamment de celle de votre patron ou patronne, surtout si vous êtes comptable interne ou directeur financier. Si demain votre patron vous demande subitement de verser une somme sur tel compte (s’il vous plaît ne le faites pas, en tout cas, pas comme cela), je ne suis pas en train de vous inciter à vous faire virer pour refus d’obtempérer à un ordre de votre supérieur, mais je vous donne juste un conseil : la voix, que vous avez entendue, oui, entendue, et avec laquelle vous avez conversé quelques secondes ou quelques minutes : est-elle la voix de votre patron ? Peut-être bien et peut-être pas… C’est le genre de question qui va se poser de plus en plus à cause de ces logiciels d’intelligence artificielle qui imitent à la perfection la voix de n’importe qui. C’est simple, même un escroc pas doué en technologie a déjà accès à cette technologie.

Cette dernière permet de récupérer la voix de n’importe qui, la mienne par exemple sur les ondes de la RTBF, et avec quelques minutes d’entraînement, cette intelligence artificielle permet de copier ma voix et de l’utiliser à des fins malfaisantes. J’en parlais hier à un chef d’entreprise qui a été victime d’une fraude au président comme on l’appelle. Vous savez, c’est cette fraude qui consiste à envoyer un mail personnel de la part du dirigeant de société à sa secrétaire, l’incitant à payer d’urgence telle somme sur tel compte, pour telle raison bidon. Je lui ai dit « mon pauvre » avec l’IA et les « deep fakes », tu n’as encore rien vu. Et d’ailleurs, les banques sont conscientes de ces futures dérives et devront redoubler de vigilance et sans doute faire appel à l’IA pour lutter contre les dérives de l’IA.

Et c’est en cela que je trouve que l’économie et les nouvelles technologies ne peuvent laisser personne indifférent.

Ici, je vous ai parlé d’une manière de vous escroquer, mais la même IA en scrutant et analysant les conversations de vos adolescents sur les réseaux sociaux peut aussi éviter le suicide de votre enfant, si ce dernier est par exemple dépressif. Comment ? Mais parce que cette IA va vous alerter, en cas de tentative de suicide, sur la base de l’analyse en temps réel des textes, des photos et même de la voix utilisés par votre enfant sur les réseaux sociaux.

Donc, quand je dis que l’économie, c’est la vie, je n’exagère pas. C’est la vie avec ses moments de beauté, ses crises d’angoisse ou ses instants d’espoir. Derrière les chiffres et les graphes, il y a toujours l’humain. Comme pour ses 1300 milliards de dollars qui vont s’évaporer de l’immobilier de bureau au niveau mondial parce que nous avons décidé de télétravailler 2 ou 3 jours par semaine à la maison. Au fond, l’économie, c’est juste la vie en mouvement. 

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