Eddy Caekelberghs
Le thermomètre électoral chauffe !
Le thermomètre électoral en faveur de l’extrême droite et des partis populistes s’emballe un peu partout. Mais le danger le plus patent, le plus inquiétant au fond, vient d’Allemagne ! L’AfD (ce parti qui grimpe et promet littéralement une “alternative” pour l’Allemagne !) prévoit – et prépare minutieusement ! – des expulsions massives de nationaux ayant des racines familiales “étrangères”. Des vraies expulsions qui se parent du vocable “remigration” jusqu’ici réservé sémantiquement aux émigrés qui retournent volontairement au pays d’origine. Ici, c’est le pogrom que l’on entrevoit.
Si les urnes sont favorables à ces types de partis aux élections européennes, c’est l’équilibre des politiques de l’Union qui en sera bouleversé ! Alors, en Allemagne – sous l’œil attentif du reste de l’UE – on scrute les réactions. Elles seront déterminantes.
Premier réflexe : interdire purement et simplement l’AfD. Mais cela ne supprimera pas les électeurs, ni le malaise. Et puis peut-on réellement espérer régler le problème en niant l’ampleur de l’adhésion ? Selon les sondages, entre 10 % (pour la Sarre) et 34 % (pour la Saxe) des personnes interrogées envisageraient actuellement de voter pour l’AfD.
Les meilleures répliques sont à trouver dans les politiques menées sans copier les mauvaises réponses de l’extrême droite.
On ne le répétera jamais assez : casser le thermomètre n’enraye pas la fièvre ! En Belgique, on a, sur base de la loi Moureaux, réprimé le précédent parti extrémiste flamand Vlaams Blok. Il a resurgi sous le nom de Vlaams Belang et est donné grand gagnant des sondages (possiblement des urnes) en Flandre aujourd’hui. Cela ne marche pas !
“De Volkskrant” aux Pays-Bas (le pays où le très populiste Geert Wilders a emporté le scrutin) compare l’avancée de l’AfD aux évolutions que l’on peut observer dans d’autres pays européens : “L’Allemagne est, d’une certaine façon, devenue un pays européen comme les autres. Avec la fragmentation de l’électorat, il devient de plus en plus difficile de former des gouvernements stables et capables d’agir. Un constat qui s’applique désormais aussi à l’Allemagne. Comme dans tous les autres pays européens, une partie de l’électorat a basculé vers l’extrême droite. Mais compte tenu des antécédents historiques de l’Allemagne, l’essor de l’extrême droite est bien plus problématique dans ce pays qu’ailleurs en Europe. L’AfD est un parti dangereux, dont certains membres flirtent avec le néonazisme… Si une interdiction générale du parti semble pour l’heure aller trop loin, il n’empêche que l’Allemagne doit prendre des mesures fermes à l’encontre des politiques AfD qui ne respectent pas la loi fondamentale.”
Les meilleures répliques sont à trouver dans les politiques menées sans copier les mauvaises réponses de l’extrême droite. Labourer sur ses terres n’apporte pas de voix : on préfère toujours l’original à la copie.
Cela dit, ce projet d’expulsions en masse, proposé lors d’une rencontre de militants d’extrême droite et révélé par la presse, a déclenché de grandes manifestations indignées en Allemagne. C’est soulageant mais insuffisant. Comme le rappelle Der Standard en Autriche : “L’AfD et son ‘fan club’ sont toujours là, avec son mot d’ordre ‘l’Allemagne aux Allemands’ et ses projets de déportation par millions de personnes issues de l’immigration. En Thuringe, en Saxe et dans le Brandebourg, les trois länder est-allemands qui voteront à l’automne, le parti reste le numéro un dans les sondages… Le plus important serait bien sûr que tous ceux qui commencent à douter ne glissent pas de bulletin AfD dans l’urne le jour des élections.” In fine les électeurs décident et auront ce qu’ils auront décidé !
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