Le “pipigate”, Marx et « réapprendre à cuisiner » pour lutter contre l’inflation
Et si pour nous sauver de l’inflation, qui reste encore trop vivace en Europe, la seule réponse venait non pas des économistes, mais de Top Chef ou, pour les plus anciens d’entre nous, de Maité ?
Bon, avant que vous ne vous posiez la question de savoir si j’ai mal dormi avant de rédiger cette chronique, je voudrais vous rappeler un élément important. Comme vous le savez, la banque centrale européenne nous a rappelé pas plus tard que jeudi dernier que même si l’inflation avait baissé de moitié en Europe, elle va tourner encore autour de 5% en 2023. C’est beaucoup trop pour cette institution financière dont le rôle principal est de nous défendre contre l’inflation et de la ramener autour des 2%. Elle l’a fait en augmentant encore plus son taux d’intérêt principal en zone euro.
Je ne vais pas rediscuter pour savoir si c’était une bonne chose ou au contraire une erreur de plus au passif de cette banque européenne qui n’avait pas vu venir l’inflation, pour ensuite la minimiser. Mais passons. D’ailleurs, les Belges s’en fichent, puisque pour nous, le sujet principal dans l’actualité, c’est le « pipigate » du ministre Van Quickenborn. Effrayant. Nous sommes donc le seul pays au monde à se poser des questions existentielles pour savoir si des invités d’un ministre en fonction ont bien fait en sortant d’un diner organisé par ce ministre d’uriner sur une fourgonnette de police et pour ensuite se demander si le ministre en question n’était pas au courant des agissements de ses invités. La guerre en Ukraine, la hausse du prix du pétrole, la hausse des taux d’intérêt, l’arrivée de l’intelligence artificielle, tout cela ne pèse rien. Mais rien du tout à côté du «pipigate » qui nous a valu les honneurs de la presse mondiale.
Heureusement, en France, on nous a sauvés en trouvant un autre sujet d’importance mondiale. Grâce à la ministre déléguée du commerce, Olivia Grégoire, nous avons appris que pour lutter contre l’inflation, il faut, je cite « réapprendre à cuisiner ». Etonnant, mais c’est bien ce qu’elle a déclaré aux lecteurs du quotidien sud-ouest le weekend dernier. Suivons son raisonnement puissant et je la cite à nouveau : « face à l’explosion des prix des produits alimentaires (…) il faut réapprendre à cuisiner des produits bruts pour éviter d’acheter des produits « tout prêts et donc plus chers ». Et la ministre ajoute même : « il faut que les cours de cuisine rentrent à l’école ». Bref, vous vous en doutez en France, pays aux émotions épidermiques, la réaction sur les réseaux sociaux n’a pas tardé : les uns disent que le 1er avril est déjà dépassé, d’autres disent que cette ministre ferait mieux d’apprendre un cours d’économie plutôt que de cuisine pour lutter contre l’inflation. Mon « ami » Jean-Luc Mélanchon a été encore moins tendre en répondant comme la princesse Marie-Antoinette face aux pauvres qui réclamaient du pain, : « s’il n’y a pas de pain, mangez de la brioche ». C’est dur et méchant comme réponse.
De son côté, le patron d’Auchan France lui-même a déclaré que le premier rempart contre l’inflation, c’est la capacité à …. peler des légumes. Il citait le cas des frites surgelées devenues presque un produit de luxe avec la hausse des prix de l’énergie. Pour ce patron, « si vous prenez un économe et pelez des pommes de terre, vous pouvez cuisiner à des prix modiques ». Mais ce n’est pas tout, le chef étoilé Thierry Marx ne dit pas autre chose : « on voit bien que l’inflation sur les produits frais et non transformés est moins élevée que sur les produits ultra-transformés ». Manière de dire que les produits bruts non transformés sont bons pour la santé, pour le porte-monnaie et pas seulement en période d’inflation. Et vous, vous êtes comme Jean-Luc Mélenchon ou plutôt comme Marx, pas Karl, mais Thierry le chef étoilé ? A vous de choisir votre camp, camarade !
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