Eddy Caekelberghs

Le combat des chefs !

Eddy Caekelberghs Journaliste à La Première (RTBF)

2024, année de toutes les élections dans le monde. Avec leur cortège de dérapages. Sans se soucier, évidemment, des dégâts que cela entraîne pour la démocratie elle-même. Ainsi Volodymyr Zelensky a limogé son chef d’état-major, Valeri Zaloujny. Limogeage en raison du manque de résultats de la fameuse “offensive” de printemps 2023 ? Un peu, sans doute. Mais surtout : Zaloujny prétend détrôner le héros présidentiel, Zelensky lui-même. Alors, peu importent les dégâts opérationnels que cela pourrait entraîner, les deux hommes se sont écharpés publiquement, et cela ne va pas s’arrêter là.

Ce remplacement a sans doute été motivé par des animosités personnelles et politiques, critique le blogueur ukrainien Serhiy Foursa sur Facebook: “ Il s’agit d’une décision émotionnelle et non rationnelle. Une décision basée sur l’affect, que le pays ne peut pas se permettre. Sur le plan juridique, Zelensky est tout à fait en droit de remercier Valeri Zaloujny. Mais outre la légalité, il faut aussi prendre en compte la légitimité. Aux yeux de la société, cette décision est-elle légitime ? Surtout si l’on sait que cette décision est le fruit d’une ­rivalité politique et non de divergences ­professionnelles ?”

Même son de cloche dans le quotidien slovène Delo: “Le limogeage de Valeri Zaloujny pourrait se révéler une des décisions les plus impopulaires de Zelensky. Pour de nombreux Ukrainiens, le ‘général de fer’ est un héros national dont la popularité ressort non seulement des sondages mais aussi des récits de soldats ukrainiens auprès desquels il jouit manifestement d’un grand respect”.

Le limogeage de Valeri Zaloujny a sans doute été motivé par des animosités personnelles et politiques.

Sur son profil Facebook, le politologue ukrainien Maksym Iali évoque, lui, le risque de revanche politique de Valeri Zaloujny: “D’aucuns souhaiteraient l’exploiter comme ‘chef de parti’ pour faire entrer des députés de leurs mouvements à la Rada (Parlement, Ndlr). Si Zaloujny est raisonnable, il prendra au moins une pause pour réfléchir et se reposer. Sinon, on commencera tout de suite à le discréditer et d’ici les élections, sa bonne réputation se sera réduite comme peau de chagrin”.

En Russie, c’est un opposant possible à Poutine – Boris Nadejdine – qui se voit interdit de candidature et forcément dénigré par le Kremlin. Et comme le conclut l’hebdo britannique The Spectator: “Ce qui est intéressant, ce n’est pas que la candidature de Nadejdine ait été bloquée mais ce que cela dit de l’évolution du ‘poutinisme tardif’… Dans celui-ci, comme à l’époque soviétique, les rituels civiques n’ont, pour la population, pas vocation à élire des dirigeants mais plutôt à exprimer sa soumission”.

Quant aux Etats-Unis, c’est le duel annoncé (et déjà réel, quoi qu’il en soit) entre Biden et Trump qui égrène son cortège d’injures et de menaces. La dernière en date de Trump ? Menacer les pays de l’Otan qui ont une dette vis-à-vis de l’organisation de non seulement ne pas les défendre en cas d’agression russe “ mais même d’encourager la Russie à les attaquer ” ! Une Russie où Poutine accorde une interview à un journaliste américain, supporteur avéré de Trump, non sans arrière-pensée comme le chronique Ekho, le site russe en exil: “Le Kremlin voit dans Trump un ‘Gorbatchev américain’ ; les ‘stratèges’ russes espèrent qu’il divisera l’Amérique et précipitera sa chute – ou du moins qu’il créera une situation dans laquelle le pays aura d’autres priorités que de faire barrage au poutinisme… Or de nombreux conservateurs estiment bel et bien que Poutine constitue une menace moins grave que Biden pour la démocratie américaine”. Et la démocratie dans tout ça ? …

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