Typhanie Afschrift
L’Arizona, ennemie des classes moyennes
Certes, la coalition Arizona n’est pas encore au bout de ses peines. Elle patauge littéralement, coincée entre le point de vue libéral des uns, pourtant peu exigeant, et la position socialiste de Vooruit. Avec des nuances, dont le cd&v de Vincent Van Peteghem, l’actuel ministre des Finances, bien décidé, comme dans le gouvernement précédent, à mener une politique de gauche. En tout cas en matière fiscale. Précisément dans ce domaine, et quoi qu’aient promis le MR et la N-VA, les projets que révèle la “supernota” de Bart De Wever constituent une véritable agression envers la classe moyenne. Certes, celle-ci bénéficiera un peu de la réforme tant attendue du barème de l’impôt sur le revenu. Une réforme bien insuffisante toutefois.
Fondamentalement, la Belgique continuera à figurer dans la liste, peu enviable, des pays les plus taxés au monde. Et elle sera toujours aussi celle qui taxe le plus le travail, en particulier celui des classes moyennes, éternelles victimes de la politique belge. Celle-ci a, en effet, toujours été fondée sur un principe consistant à faire vivre l’État au moyen de recettes colossales pour exercer, en général très mal, de multiples fonctions qui ne devraient pas lui incomber. Il n’y a pas de progrès significatif de ce point de vue. La philosophie reste de taxer beaucoup pour redistribuer beaucoup. Un système incompatible avec les idées libérales.
La philosophie reste de taxer beaucoup pour redistribuer beaucoup. Un système incompatible avec les idées libérales.
En particulier pour ceux qui travaillent, la taxation continuera à être très lourde. La réforme de la taxation des rémunérations sera particulièrement difficile à vivre pour les cadres de sociétés. Il s’agira, comme dans le projet de réforme Van Peteghem de 2023, que le MR avait justement rejeté, d’alourdir considérablement la taxation sur tout ce qui permettait, jusqu’ici, d’atténuer un petit peu l’énorme pression des impôts et des cotisations de sécurité sociale sur les revenus des classes moyennes. Ce sera sans doute la fin, pour la plupart, des plans d’options sur actions, alors même que l’on prétend favoriser la participation des travailleurs à l’entreprise. Ce sera aussi la perte de tous les avantages liés aux rémunérations en nature et, pour les indépendants, la fin du régime de réserve de liquidation et du VVPRbis. C’est pourtant la N-VA qui avait, il y a quelques années, défendu les premières.
Et puis, on apprend que les négociateurs ont également dans la ligne de mire les sociétés de management. L’une des rares solutions, pour les travailleurs indépendants, d’échapper à des taxations immédiates et très élevées, souvent seulement en reportant l’imposition de quelques années. Ce serait un recul énorme que de revenir sur la possibilité, pour toute personne qui travaille dans un contexte indépendant, de le faire via une société.
Une nouvelle fois, on constate que les intentions de cette éventuelle majorité Arizona, tout comme celles du gouvernement précédent, consistent toujours à s’en prendre aux classes moyennes, qu’elles soient salariées ou indépendantes. Et cela se fait toujours en préservant tous les avantages acquis de la fonction publique, protégée des uns et des autres, alors que c’est notamment au sein de celle-ci qu’il faudrait, en réalité, faire des économies. Une fois de plus, on se trouve face à une majorité, peut-être un jour gouvernementale, qui se montre incapable de réduire les dépenses d’un État obèse, et qui n’est capable que de taxer, toujours taxer. Tant pis pour ceux qui auront eu la naïveté, pendant quelques semaines, de croire aux promesses de certains partis.
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