La Belgique se caractérise par un appareil d’État en expansion constante. L’administration croît sans relâche et mérite sans doute le titre de “gazelle du siècle”. Aujourd’hui, plus de la moitié de l’économie (54%) se trouve entre les mains de l’État. Nous semblons glisser vers une forme d’éco-communisme, où l’initiative privée est étouffée par une fiscalité écrasante. Peut-être pourrions-nous tirer des enseignements de l’expérience argentine.
Lorsque Javier Milei, dont le parti a remporté les élections de mi-mandat, a accédé au pouvoir en 2023, il a hérité d’un Trésor vide, d’un appareil bureaucratique hypertrophié, d’un labyrinthe de subventions et d’une pauvreté endémique. Peu de lecteurs douteront que la Belgique, elle aussi, connaît un déficit budgétaire chronique. En 30 ans, le nombre de fonctionnaires a augmenté de 45%, passant de 728.000 à 1.062.000. Les Régions multiplient les aides publiques de toute nature. Le montant total des subventions représente 4% du PIB, soit près du double de la moyenne européenne. Quant à la misère, elle atteint des niveaux record : 27% de la population bruxelloise vit sous le seuil de pauvreté. À première vue, les similitudes entre l’Argentine que Milei a trouvée en 2023 et la Belgique d’aujourd’hui sont frappantes.
Sous la devise “Les demi-mesures font les pires blessures”, Milei a opté pour une thérapie de choc. Cela s’est traduit par des coupes budgétaires massives, une réduction drastique des dépenses publiques et la suppression de la quasi-totalité des subventions. Il a également procédé à l’élimination de ce qu’il appelle les “structures parasitaires improductives” : fermeture de plus de la moitié des ministères, licenciement de 30.000 fonctionnaires et suppression de 10.000 postes publics. Au total, les dépenses publiques ont reculé de 5% du PIB. Un an et demi après son arrivée au pouvoir, l’Argentine a enregistré son premier excédent budgétaire en 14 ans. La libéralisation a entraîné une croissance de 6% au premier semestre 2025. Mais le revers de la médaille demeure : plus de 36% des Argentins vivent sous le seuil de pauvreté.
La meilleure façon de sortir les gens de la pauvreté, c’est de les réintégrer sur le marché du travail.
Même si l’Argentine et la Belgique ne sont pas totalement comparables, l’expérience argentine offre plusieurs enseignements utiles. D’abord, un déficit budgétaire n’est pas une fatalité : il peut être corrigé par une réduction rigoureuse des dépenses et la suppression des structures inefficaces. Ensuite, la croissance continue de l’appareil d’État n’est plus soutenable : une réduction drastique de son périmètre s’impose. Enfin, les subventions excessives entretiennent une économie sous perfusion et n’ont qu’un impact macroéconomique limité.
Mais l’expérience de Milei montre aussi ce qu’il ne faut pas faire : la lutte contre la pauvreté doit faire partie intégrante de toute réforme. La meilleure façon de sortir les gens de la misère, c’est de les réintégrer sur le marché du travail. Les allocations de maladie ou de chômage doivent être réservées à ceux qui en ont réellement besoin car ceux qui abusent du système compromettent la pérennité du filet social pour les plus vulnérables.
Il faut donc éradiquer les abus. Comment expliquer que la Belgique compte autant de malades de longue durée que l’Allemagne, qui a huit fois plus d’habitants ? Comment admettre qu’il y ait 300.000 chômeurs alors que 150.000 postes restent vacants ? À l’approche de la fin des allocations prolongées, beaucoup de demandeurs d’emploi se remettent activement en quête de travail ou de formation. Mettre tout le monde au travail serait une excellente nouvelle pour les finances publiques.
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