La transition énergétique sauvée par la location ?
La surprise n’en est plus une aujourd’hui. Au fil du temps, le citoyen a compris que la transition énergétique est nécessaire pour sauvegarder notre planète et la rendre vivable pour nos enfants.
Mais le même citoyen a également compris que si le vert, c’est bien, le vert, c’est aussi très cher ! Que ce soit pour se déplacer via des voitures électriques bien souvent 50% plus chères que des voitures thermiques. Ou que ce soit pour isoler sa passoire thermique et la faire passer de la lettre G à la lettre D ou C, le citoyen sait qu’il va devoir passer à la caisse. Bien entendu, c’est en cela que la transition énergétique est inégalitaire : elle frappe d’abord le portefeuille des classes populaires et moyennes.
Nos gouvernants le savent bien, et ils ont aussi compris qu’entre la fin de mois, et la fin du monde, ils devront arbitrer en faveur hélas de la fin du mois. Raison pour laquelle, plusieurs pays, dont par exemple, la Grande-Bretagne ont fait marche arrière sur leurs engagements climatiques. Non pas, parce que leurs dirigeants politiques sont subitement devenus climato-sceptiques, mais parce qu’ils veulent éviter d’avoir une version 2 des gilets jaunes sur leur territoire. La version 2 est d’autant plus probable que nos Etats sont ultra endettés : n’oublions pas que l’Etat est intervenu en 2008 pour sauver nos banques de la faillite, il est encore intervenu en 2020 pour le COVID, et donc, on voit mal comment l’Etat va trouver à nouveau de l’argent pour à la fois aider les automobilistes et les citoyens à devenir propriétaires de leur logement?
D’où l’excellente suggestion d’Eric Le Boucher, éditorialiste aux ECHOS (France) : et si au fond, la transition énergétique rimait avec location ? Après tout, être propriétaire est une notion récente, elle date du siècle dernier seulement. Et avec le temps, tout change. Regardez le comportement des plus jeunes, auparavant dès qu’ils avaient 18 ans, ils se pressaient pour s’acheter le plus vite possible une voiture synonyme de liberté. Les mêmes jeunes, aujourd’hui, ne se pressent plus devant les auto-écoles et sont massivement opté pour une mobilité douce. La jeunesse d’aujourd’hui n’est plus autant braquée sur la possession d’une voiture. D’ailleurs, comme le fait remarquer Eric Le Boucher, les concessionnaires automobiles l’ont aussi compris. Il n’y a qu’à regarder les publicités pour les voitures, le prix d’achat a cédé le pas à la mensualité avec ou sans achat à la sortie. En Belgique, Ethias leasing est devenue la première société d’assurance à s’engouffrer sur le terrain des banques et à proposer des formules de leasing de voitures électriques avec des durées de 6 ans pour réduire la mensualité à payer.
Du côté du logement, en revanche, tout est encore à faire, la location n’est pas dans les habitudes des Belges. L’éditorialiste des Echos s’interroge pour savoir si ce ne serait pas dans l’intérêt de nos entreprises énergétiques, par exemple, d’acheter la nouvelle chaudière plus conforme avec les nouvelles normes d’énergie, et de prendre en charge une partie des travaux d’isolation et puis de louer le tout au propriétaire. En clair, l’abonnement énergie coûterait plus cher, mais le coût serait étalé dans le temps pour le propriétaire et permettrait aussi de ne pas retarder la transition énergétique. En d’autres mots, les entreprises du bâtiment, les industriels avec l’aide des banques, des assureurs et de l’Etat seraient incités à innover et à proposer de nouvelles formules de location abordables, qui soient gagnantes pour chacune des parties, de sorte qu’on ait plus à choisir entre la fin du mois et la fin du monde. L’idée a au moins le mérite de challenger un éventuel statu quo dommageable pour l’avenir de nos enfants.
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