Amid Faljaoui

La France se rassure en s’inspirant de la Belgique ? Erreur !

À quelques jours des législatives en France, les comparaisons avec la Belgique et l’Italie soulèvent des questions. Mais le zombie à la tête de la France n’a pas encore dit son dernier mot.

Dans trois jours exactement, nos amis Français voteront pour le deuxième tour des législatives anticipées. Les projections données ici et là n’incitent pas à l’euphorie. En effet, en lisant et en regardant de près les programmes économiques de la gauche radicale et de la droite nationaliste, il y a de quoi s’inquiéter, car ils ont beaucoup de points communs.

Pour l’instant, les marchés financiers restent calmes car ils misent cyniquement sur une France immobile, incapable de résoudre ses contradictions. La paralysie parlementaire devrait empêcher les deux blocs extrêmes de mettre en pratique leurs mesures les plus radicales. Et comme le président a le droit de dissoudre à nouveau le parlement d’ici un an, les marchés financiers pensent qu’il suffira de faire le dos rond en attendant.

D’autres commentateurs en France s’inspirent de la Belgique ou de l’Italie pour se réconforter. Ils pensent que la Belgique n’a pas été gouvernée pendant un an et demi et ne s’en est pas plus mal portée. En tant que Belges, nous pouvons leur dire que c’est faux. C’est juste une vue de l’esprit. La Belgique abrite aujourd’hui en son sein un sous-État, un État narcotrafiquant. Que ce soit à Anvers ou à Bruxelles, des bandes de trafiquants règlent leurs comptes en pleine journée. Un haut magistrat belge m’expliquait il y a quelques mois encore que Bruxelles était devenue la capitale de la mafia albanaise.

Quant à l’Italie, certains espèrent que les amis de Marine Le Pen et de Jordan Bardella vont se « meloniser ». Soit que le RN va devenir comme Giorgia Meloni, plus gestionnaire et un peu moins idéologue. Mais là encore, comme le rappelle à juste titre Le Figaro, c’est oublier que l’Italie a l’habitude des partis populistes au gouvernement, et surtout que depuis le COVID, l’Italie bénéficie d’une manne céleste de l’Europe. L’Italie a déjà reçu 42 milliards de subventions et 61 milliards de prêts, et elle recevra encore 91 milliards en 2026. C’est un coussin financier dont ne dispose pas la France.

Ces deux comparaisons rapides avec la Belgique et l’Italie n’ont donc aucun sens. Au final, le seul résultat tangible d’une arrivée du RN au pouvoir sera sans doute une montée de l’écart de taux d’intérêt entre la France et l’Allemagne. Je rappelle qu’après la dissolution, cet écart de taux d’intérêt a grimpé de 0,32 %. On pourrait croire que 0,32 % ce n’est rien. Sauf qu’avec une dette publique de 3 160 milliards d’euros pour la France, c’est l’équivalent de 10 milliards d’euros à rembourser en plus chaque année sous forme de charges d’intérêts. Et cela, c’est juste pour un écart de taux de 0,32 %. Citi, une banque américaine, évoque elle la possibilité que l’arrivée du RN au pouvoir pourrait pousser l’écart de taux à 1 %. Soit un triplement des 10 milliards. C’est autant d’argent qui n’ira pas vers le programme du RN. N’est-ce pas là ce que veut démontrer Macron ? Soit laisser le RN gouverner et montrer qu’il en est incapable avant de dissoudre à nouveau le parlement d’ici un an. En un an, mécaniquement, le RN perdra de sa superbe et surtout une centaine de députés.  En résumé, la France a aujourd’hui un zombie à sa tête, mais ce zombie n’a visiblement pas encore dit son dernier mot

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