La France a mal a sa dette publique. Elle a en effet été dégradée fin de semaine dernière par l’agence de notation Moody’s. En temps normal, ce genre de dégradation de la note de la dette publique d’un pays est une catastrophe en soi. Elle montre que cette agence de notation s’inquiète de la crise politique en France et de l’absence de budget. A priori, c’est une mauvaise nouvelle pour la France, car plus la note se dégrade et plus le taux d’emprunt augmente – et donc, plus la charge d’intérêt augmente sur la dette payée, ce qui détériore encore plus le déficit budgétaire, qui lui-même détériore la dette publique et le cercle vicieux est parti.
Pourtant, les marchés financiers sont restés flegmatiques après la dégradation de la France qui est quand même la deuxième économie de la zone euro. Sans doute parce que cette mauvaise nouvelle avait déjà été intégrée par les marchés financiers. En réalité, les investisseurs sont toujours à l’avance sur les agences de notation qui agissent a postériori. Maintenant, si on entre dans les explications pour justifier l’injustifiable, c’est-à-dire le calme des marchés financiers… il y a plusieurs explications.
La première, c’est que même en dégradant la qualité de la dette publique française, sa qualité reste élevée aux yeux des investisseurs : elle équivaut à une sorte de 15 ou 16 sur 20 si on devait comparer cette note à celle d’un élève. La deuxième explication pour justifier le calme des marchés financiers à l’encontre de la France, c’est que la France est protégée par l’euro. L’euro est une sorte de dôme de fer pour la France. Comme l’écrit joliment Le Figaro, « l’euro a anesthésié la douleur de la dette ».
C’est en soi un danger car les politiques d’extrême gauche et d’extrême droite en France n’ont pas arrêté de creuser le déficit de la France, soit par des amendements budgétaires coûteux, soit en refusant les réformes nécessaires – et ils peuvent le faire grâce à ce dôme de fer de l’euro. Avant, lorsque la France avait comme monnaie le franc, une telle crise se traduisait par une dévaluation. Et les dévaluations avaient au moins un mérite, c’est de montrer en direct aux particuliers, le prix à payer pour une mauvaise gestion de leurs comptes publics. Donc, c’était une manière de siffler la fin de la récréation.
Aujourd’hui, la récréation dure un peu plus longtemps grâce à la protection de l’euro et donc de l’Allemagne en réalité. Mais aussi parce que l’éventuelle hausse des taux d’intérêts sur la dette publique est en partie compensée par le fait que nous sommes entrés dans une période de baisse des taux, qui compense les effets négatifs de cette dégradation. Mais au final, cette dégradation a un poids symbolique dont François Bayrou, le nouveau premier ministre va bénéficier pour tenter de convaincre son futur gouvernement que des mesures impopulaires devront être prises.
Et pendant ce temps, en Belgique, nous n’avons toujours pas de gouvernement ni de budget, et ça c’est une très mauvaise nouvelle. D’abord, parce que la Belgique n’a pas le poids de la France pour les investisseurs internationaux et ensuite parce que notre note est déjà inférieure à celle de la France. La Belgique joue avec le feu mais notre dôme de fer contre la spéculation est moins puissant que celui de la France. Mais nos politiques le savent-ils vraiment ?
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