Amid Faljaoui

La Chine, usine du monde mais aussi laboratoire de l’innovation 

Pour ma dernière chronique de l’année, j’avais envie de revenir sur la Chine. Les médias économiques en parlent souvent sous l’angle des difficultés que rencontre cet immense pays. C’est vrai que la Chine n’est pas en forme, qu’elle a une croissance affaiblie, qu’elle a un chômage des jeunes en hausse, qu’elle est en guerre commerciale avec les États-Unis et l’Europe, qu’elle traverse une crise immobilière sans précédent… C’est d’ailleurs, une fenêtre d’opportunité pour l’Europe pour remonter la pente face à la Chine.

Mais au-delà de ce constat, si on regarde dans le rétroviseur, on se rend compte que la Chine est dans notre angle mort sur énormément de secteurs et qu’elle nous a même dépassé par la droite sur beaucoup d’autres secteurs. Un bilan honnête sur la Chine dirait à peu près ceci : si pendant dans des années la Chine était le pays du low cost, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Elle est même devenue le pays de l’innovation, et ce sont des ingénieurs chinois qui menacent aujourd’hui les emplois de nos ingénieurs, alors qu’hier, c’était l’ouvrier chinois qui avait piqué le job de nos cols bleus.

Dans le solaire, la Chine a fait des dégâts monstrueux en Europe – la Chine n’a plus de concurrents dans ce secteur en Europe, elle a gagné par KO. Dans l’éolien et les voitures automobiles électriques, la Chine est plus qu’un concurrent, c’est un bulldozer qui écrase les entreprises européennes sur son passage. Autre exemple : l’Europe et les Etats-Unis ont voulu tuer l’entreprise chinoise Huwei en décrétant qu’elle était un outil d’espionnage du parti communiste chinois. Et malgré toutes ces attaques, en dépit de toutes ces interdictions, Huawei a aujourd’hui un chiffre d’affaires de 100 milliards de dollars. Et mieux encore, ce géant des télécoms arrive même à se passer de la technologie occidentale pour se développer – c’est ce qu’on appelle un coup d’épée dans l’eau.

Un reportage récent du correspondant en Chine du quotidien Les Echos montre que l’innovation reste le moteur de l’économie chinoise. Après avoir pris le leadership des voitures électriques, la Chine – vieille nation millénaire – ne s’arrête pas comme nous à l’actualité immédiate, elle planifie et prépare déjà son économie pour demain. Et ce reportage montre que la Chine est en train de fabriquer des taxis volants, des drones et des avions électriques. Autant de nouvelles filières que la Chine est en train de créer de toutes pièces. Le correspondant en Chine des Echos a pu visiter l’usine du LE200, un petit avion blanc de 6 places, capable de voler sur 300 kilomètres grâce à ses batteries électriques. En fait, ce que fait la Chine, c’est de créer de zéro l’aviation dite de « basse altitude » (moins de 1000 mètres) qui servira pour le tourisme ou le transport et notamment pour décongestionner les grandes mégalopoles.

Et la recette de la Chine est encore et toujours la même : elle amortit ses frais de recherche et de développement sur un marché gigantesque de 1.3 milliard d’habitants. Et quand ses coûts sont amortis sur son marché domestique, elle peut exporter ses produits à prix cassés – et rafler la mise comme elle l’a fait dans plusieurs secteurs au cours de ces dernières années. Et comme me le disait un ami très cher, les Occidentaux ont l’heure et les Chinois… le temps ! Merci pour votre écoute, et je vous retrouve avec un plaisir immense en 2025 et n’oubliez pas que le bonheur, c’est le silence des organes.  

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