Amid Faljaoui

La Chine perd ses usines… Lentement, discrètement, mais elle n’est plus incontournable

La Chine est en train de se vider de ses usines. Très doucement, très discrètement, mais elle perd des usines chaque jour qui passe. Et même si la Chine reste encore l’atelier du monde, cet atelier est de plus en plus concurrencé par d’autres pays.

C’est assez étonnant, car si la Chine a littéralement fermé son pays pendant 3 ans pour lutter contre le covid. Aujourd’hui, cette page du covid, avec toutes ses restrictions drastiques, est une page qui est complètement tournée. Mais voilà, les industriels et les grandes multinationales de ce monde ne sont pas dirigés par des personnes qui ont une mémoire de poisson rouge. 2023 n’est pas 2019, et les patrons, qui ne juraient que par la Chine, se posent aujourd’hui des questions malgré la réouverture de ce pays au monde entier.

Première question normale à se poser quand on dirige une boîte, c’est : est-il prudent de trop investir en Chine si c’est pour se faire voler ses brevets et sa technologie ?

Deuxième question : peut-on être rassuré d’une stabilité politique en Chine quand on se souvient de la violence avec laquelle les mesures anti-covid ont été imposées par les autorités chinoises ? D’ailleurs, la plupart des cadres expatriés, qui ont vécu cette période, ne veulent plus rester en Chine à cause justement de la violence des mesures anti-covid. Donc attirer des cadres européens en Chine n’est pas simple aujourd’hui.

Et puis, troisième question : la tension entre les États-Unis et la Chine est au plus haut ; c’est une guerre froide qui ne dit pas son nom. Même si elle est archiclassique sur le plan historique, c’est le premier de classe qui veut garder son rang et fait tout pour que le deuxième de la classe ne lui pique pas sa place. C’est vrai que si l’île de Taïwan est envahie demain par l’armée chinoise, les entreprises qui ont tout misé sur la Chine risquent de se mordre les doigts. Et elles ne pourront pas dire qu’elles n’ont pas été prévenues.

Donc, voilà pourquoi, je vous disais que la Chine se vide lentement,  mais sûrement de ses usines, c’est parce que les entreprises américaines et européennes ont compris au moins deux choses : la première, c’est qu’elles doivent réduire leurs risques à l’égard de la Chine sur le plan de la propriété intellectuelle. Elles font très attention à protéger leur savoir-faire technologique. Les constructeurs automobiles européens le savent bien, ils avaient une part de marché de 61% du parc automobile chinois, et cette part de marché de 61% est tombée aujourd’hui à 41%, selon Les Echos. C’est une baisse d’un tiers, c’est énorme. Et pourquoi ? Parce que les Chinois sont aussi intelligents que nous et se sont convertis à l’électrique à une vitesse qui a surpris les constructeurs automobiles européens.

Et puis l’autre chose que font les entreprises européennes et américaines, c’est de diversifier leurs sources. Des pays comme l’Inde, le Vietnam, la Turquie, les pays de l’ex-Europe de l’Est ou encore le Maroc bénéficient de ces relocations. L’exemple le plus frappant, c’est celui d’Apple, qui a réduit sa dépendance à l’égard de la Chine en demandant à son principal fournisseur, l’entreprise Foxconn, de délocaliser une partie de la production de ses iPhone en Inde. C’est dingue comme démarche, car, jusqu’à l’an dernier, 95% des iPhone étaient assemblés en Chine et l’Inde n’avait que des miettes.

C’est cela le capitalisme : il est pragmatique, il s’adapte constamment à la vie, bref, c’est le contraire d’une idéologie qui elle veut faire plier la réalité à ses dogmes. Et c’est sans doute pour cela que, malgré tous ses défauts, le capitalisme perdure depuis si longtemps. 

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