La Chine ne fait plus rêver les entreprises, mais elles ne peuvent pas la quitter

La Chine n’est plus ce qu’elle était… Elle ne fait plus rêver les multinationales. En effet, avec le président chinois actuel, le business est devenu plus compliqué, plus risqué que par le passé. Même les patrons chinois s’en plaignent, car la politique économique de leur pays est devenue illisible.

Cette crainte, on la mesure bien, dans les flux d’argent qui sortent des fonds en actions chinoises. Les flux sortants sont nettement plus importants que les flux entrants ; c’est la preuve que les gérants internationaux en actions ont moins confiance en la Chine d’aujourd’hui que celle d’hier. Pourtant, à l’inverse de ce qui s’est passé pour la Russie, on constate qu’il est difficile pour nos entreprises occidentales de quitter la Chine. Ce n’est pas étonnant, car pour le dire brutalement, un drogué ne peut pas quitter son dealer selon la jolie expression utilisée par mes confrères de Atlantico.fr. Quitter, c’est trop douloureux. Les consommateurs occidentaux (vous et moi), nous sommes drogués aux prix bas et certains produits ne peuvent être fabriqués qu’en Chine.

Mais la drogue est toute aussi forte pour des entreprises comme LVMH ou L’Oréal par exemple. Impossible pour ces entreprises du luxe de quitter du jour au lendemain la Chine, c’est un Eldorado pour elles, le luxe s’y vend comme des petits pains. Quitter la Chine, cela voudrait dire adieu à 20 ou 30% de leurs profits. C’est inimaginable, car aussitôt leur valeur boursière plongerait à la Bourse de Paris.

Bien entendu, des entreprises annoncent qu’elles quittent la Chine comme l’a fait encore récemment une marque automobile européenne, mais la véritable raison, c’est que ses produits n’enthousiasmaient pas les Chinois, selon Atlantico. Car contrairement à ce que l’on pense chez nous, le consommateur chinois est très exigeant : si le produit est bon, tout ira bien, sinon c’est la bérézina.

Tesla, par exemple, cartonne en Chine. D’ailleurs cet exemple montre assez le double discours que nous avons en Occident à l’égard de la Chine. On ne peut pas dire d’un côté que les Chinois sont juste des copieurs et puis tenir, d’un autre côté, des discours selon lesquels si on ne bouge pas, les Chinois vont nous dépasser !

En réalité, c’est plutôt le second discours qui est juste, les Chinois nous ont déjà dépassés. Il n’y a qu’à regarder comment les marques automobiles chinoises électriques sont en train d’envahir le continent européen. Et c’est normal, les Chinois maîtrisent à la fois la technologie des batteries, mais ils ont aussi la mainmise sur les matières premières nécessaires pour fabriquer ces batteries.

Donc, on le sait bien, les produits bas de gamme sont déjà passés sous la tutelle de la Chine depuis très longtemps. Le haut de gamme résiste encore, mais pour combien de temps encore ? Quant au moyen de gamme, il est aussi en train d’être laminé par les fabricants chinois. Or, le moyen de gamme, c’est par exemple l’essentiel de l’industrie automobile européenne, d’où la question : pourquoi un lecteur ou lectrice de cette chronique irait-il/elle acheter un véhicule thermique à 30.000 euros quand il ou elle peut acheter pour le même prix un véhicule électrique chinois qui aura par définition une durée de vie plus longue, précisent encore mes confrères d’Atlantico ? S’il n’y avait pas les soucis momentanés de bornes de recharge et aussi d’autonomie insuffisante des batteries, la réponse serait évidente, mais ce n’est qu’une question de temps.

Donc, oui, la nouvelle présidence chinoise est imprévisible au niveau de ces décisions économiques,  oui, les gérants en actions sont méfiants du marché chinois. Mais ni le consommateur ni les entreprises occidentales ne peuvent se passer de ce pays ; soit à cause du marché gigantesque qu’il représente, soit en raison des produits qu’il est le seul ou quasi le seul à pouvoir fabriquer. Nous sommes dépendants des Chinois et eux de nous, exactement la relation d’un drogué avec son dealer.