Ce jeudi matin, l’humeur des marchés financiers a changé. Pendant plusieurs jours, les investisseurs faisaient preuve d’un calme presque déconcertant face au conflit entre Israël et l’Iran. Des frappes ciblées, des infrastructures pétrolières touchées, une tension croissante dans une région ultra-sensible… et pourtant : les marchés ne bronchaient pas.
Le pétrole ? Stable. Les Bourses ? Résistantes. La volatilité ? En baisse. Bref, comme si ce conflit majeur ne les concernait pas.
Mais ce jeudi matin, ce calme apparent commence à se fissurer.
La raison ? Un article de l’agence d’information financière Bloomberg tombé cette nuit, affirmant que des responsables américains se préparent à une frappe militaire directe contre l’Iran. Ce ne serait donc plus un face-à-face régional, mais une possible implication des États-Unis dans le conflit. Et là, les marchés comprennent qu’on change de dimension.
Résultat immédiat :
- Les Bourses asiatiques ont baissé cette nuit.
- Hong Kong a perdu plus de 2 %.
- Le dollar s’est renforcé.
- L’or commence à remonter.
Et ce n’est pas tout. Hier, Jerome Powell, le patron de la banque centrale américaine, a prévenu : l’inflation pourrait repartir à la hausse. Pourquoi ? Parce qu’en cas de frappe américaine, le pétrole risque de s’envoler. Et si le pétrole grimpe, c’est toute l’économie mondiale qui trinque : transport, production, chauffage, logistique… tout devient plus cher.
D’ailleurs, un analyste l’a résumé parfaitement : “Si les États-Unis frappent l’Iran, le pétrole s’envole. Et si le pétrole s’envole, l’inflation repart.” Et ça, c’est un cauchemar pour les banques centrales.
Car si l’inflation revient, elles ne pourront pas baisser les taux d’intérêt, comme beaucoup l’espéraient dans les mois à venir. Résultat : le coût de la vie resterait élevé, et le soutien monétaire (baisse des taux) resterait limité.
Question : pourquoi ce calme des marchés financiers jusqu’ici ?
Réponse : Par habitude, d’abord. En effet, les dernières grandes crises géopolitiques — Brexit, invasion de l’Ukraine — ont toutes suivi le même scénario : panique immédiate, puis rebond rapide. Les investisseurs ont intégré cette mécanique. Ils ne paniquent plus sur les premières secousses.
Ensuite, parce qu’ils étaient techniquement préparés : des portefeuilles couverts, du cash en réserve, des plans d’urgence activés. En clair, les grandes mains étaient “prêtes à encaisser”.
Et surtout, parce qu’ils pariaient sur un scénario “guerre limitée” : des frappes ciblées, un conflit localisé, et pas de fermeture du détroit d’Ormuz, ce passage stratégique par lequel transite un cinquième du pétrole mondial.
Mais avec la possibilité d’une implication américaine directe, ce scénario rassurant s’effrite. Et les marchés, comme souvent, n’attendent pas la confirmation : ils ajustent déjà leurs positions.
La conclusion provisoire ? Ce que nous voyons ce matin, ce n’est pas encore de la panique. Mais ce n’est plus non plus du sang-froid. C’est plutôt une inquiétude lucide. Les marchés savent que si le conflit s’élargit, les conséquences ne seront pas seulement militaires. Elles seront économiques. Mondiales. Et durables.
Et dans ce genre de situation, on redécouvre toujours la même vérité : quand les missiles s’envolent, ce ne sont pas que des cibles militaires qu’ils touchent… ce sont aussi nos économies qu’ils prennent en otage.
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