Amid Faljaoui

ING exclut 7 villes wallonnes du plan Oxygène de financement   

On est à moins d’une semaine des élections communales en Belgique et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces élections n’intéressent que modérément les grands médias, ou même les citoyens. C’est vrai qu’en tant que citoyen, nous avons tendance à résumer la politique communale au visage du bourgmestre local – que l’on trouve sympathique ou pas selon nos affinités. Et bien souvent, le citoyen est paradoxalement éloigné des vrais enjeux de sa commune, alors que c’est une élection de proximité.

Mais voilà, si on parle beaucoup de la dette publique et des dangers de voir les marchés financiers nous pénaliser si nous ne mettons pas de l’ordre dans nos finances publiques au niveau fédéral, le citoyen oublie que sa commune doit elle aussi mettre de l’ordre dans ses comptes sinon elle est en faillite virtuelle. Or, c’est ce weekend qu’on a appris que la banque ING a exclut sept villes wallonnes de son dernier financement.

Mais quand on voit le nom de ces villes, à savoir Liège, Charleroi, Mons, Ath, Namur, La Louvière et Verviers, même un auditeur distrait aura compris qu’en réalité, c’est la totalité des grandes villes wallonnes qui n’auront plus de financement de la part de la banque ING. Enfin, du moins dans le cadre du plan Oxygène, un plan qui se présente sous forme d’un emprunt et qui comme son nom l’indique est là pour donner un peu d’oxygène aux communes wallonnes sur-endentées.

Je précise que deux villes, Liège et Charleroi, les deux plus grandes, représentent à elles seules 60% de l’endettement wallon. Dans le cadre de cet emprunt Oxygène, la région wallonne avait prévu de lever 350 millions d’euros auprès des banques en 2024. Outre le fait que Belfius, CBC et BNP Paribas Fortis se sont désistés de cette offre, et que seule ING a répondu à l’appel… là, aujourd’hui, avec cette exclusion de sept villes, il va manquer 268 millions d’euros pour boucler les besoins financiers de 2024.

C’est plus qu’un embarras, c’est une bombe sociale lancée juste quelques jours avant les élections communales. Et si les banques sont réticentes à prêter de l’argent aux villes wallonnes, c’est qu’elles estiment que ces dernières n’ont pas travaillé sérieusement au redressement de leurs finances communales.

Mais à Bruxelles, la situation communale n’est guère plus brillante. La dernière étude des finances locales réalisée par Belfius a montré que dix communes bruxelloises sont en déficit en 2024 et que cinq d’entre-elles manquent de réserves pour respecter le prescrit légal d’équilibre. Les uns diront que c’est de la mauvaise gestion, et les autres se justifieront en disant que c’est l’Etat fédéral qui s’est déchargé de certaines tâches et donc dépenses au détriment des communes.

Mais au final, voir des banques belges refuser de prêter à des communes est un très mauvais signal. Ce sera évidemment après les élections communales, mais il ne faut pas être grand devin pour comprendre que les missions actuelles de nos communes vont être remises en question, que leurs budgets vont être auscultés au scalpel, et qu’au final, les communes ne pourront plus faire ce qu’elles faisaient hier. Et qui sait, il faudra aussi s’attendre à ce que les éventuelles baisses d’impôts initiées au niveau régional et/ou fédéral seront compensés par des hausses de taxes ou d’impôt au niveau communal. Mais ça, c’est pour après les élections communales ; les mauvaises nouvelles, c’est après le vote, sinon ce n’est pas rigolo.

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