Amid Faljaoui
Implanter des puces dans nos cerveaux pour nous éviter d’être les Labradors de l’intelligence artificielle ?
L’information est passée quasi inaperçue pourtant elle vaut son pesant de plutonium. En effet, Neuralink, la start up de l’homme d’affaires Elon Musk a annoncé qu’elle avait reçu l’accord des autorités sanitaires américaines pour tester ses implants cérébraux connectés sur des humains.
En soi, c’est une information capitale, car, comme vous le savez, Elon Musk fait partie de ces milliardaires américains (comme Bill Gates ou l’historien Yuval Harriri) qui nous avertissent du danger de l’intelligence artificielle qui, si elle n’est pas réglementée drastiquement, pourrait nous transformer en labradors dociles et aux ordres de la machine toute puissante qu’est l’intelligence artificielle forte (autrement dit, « autonome et méchante »).
Comme Elon Musk se rend compte que les autorités politiques n’écoutent pas ses propos, il a décidé de fonder Neuralink dans le but d’hybrider notre cerveau avec des puces électroniques avant que l’IA forte ne nous transforme en animaux domestiques. En clair, son objectif, c’est d’implanter de minuscules composants électroniques entrelacés avec nos 86 milliards de neurones, ce qui ferait de nous des « cyborgs ». Pour Elon Musk, l’IA va nous dépasser et de très loin intellectuellement, il faut donc soigner le mal par le mal et donc « augmenter » l’être humain via ses implants cérébraux pour que l’être humain puisse tenir la comparaison et éviter que nos enfants et petits-enfants ne soient transformés en une armée de main-d’œuvre servile aux ordres d’une IA devenue totalitaire et autonome comme HAL 9000 dans le film 2001, L’odyssée de l’espace, le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick.
A la question éthique de savoir si transformer les êtres humains en cyborg ne lui pose pas de problème, Elon Musk a déjà répondu que l’on n’avait pas le choix si on veut survivre au danger potentiel d’une IA méchante et autonome . Ensuite, ce milliardaire visionnaire estime que nous sommes déjà tous des cyborgs sans le savoir puisque, je le cite, « si vous pensez aux outils dont vous vous servez déjà, votre téléphone, votre ordinateur, tout ce que vous utilisez a été construit comme une extension de vous-même ».
Mais revenons à l’autorisation des autorités sanitaires américaines pour tester ces implants électroniques sur des êtres humains. La même autorité sanitaire avait d’abord refusé ces tests, le 2 mars dernier sous prétexte que le risque de surchauffe du tissu cérébral était trop important avec le dispositif qui lui a été proposé à l’époque. Seulement voilà, la semaine dernière, elle a accepté ces tests, ce qui signifie, j’imagine que ce risque a disparu. Pourtant, entre le 2 mars dernier et aujourd’hui, il ne s’est écoulé que quelques mois, c’est dire la vitesse à laquelle les chercheurs de Neuralink évoluent sur ce thème. Les seuls articles que j’ai vu à ce sujet dans la presse non scientifique portent sur les aspects éthiques de cette avancée. Bonne question, mais la vraie question est sans doute ailleurs.
Car c’est l’avenir même de l’école qui est aujourd’hui en question. La raison ? L’éducation nationale met 25 à 30 ans pour former des cerveaux biologiques alors que les géants du numérique américains et chinois sont en train de fabriquer – via l’IA – des cerveaux industriels un milliard de fois plus puissants, et infiniment moins chères que les cerveaux biologiques artisanaux de l’enseignement actuel écrit le docteur Laurent Alexandre. Si vous avez un enfant doué, il lui faudra 25 à 30 ans pour décrocher son MBA ou son doctorat, alors que pour dupliquer une IA comme l’écrit le docteur Laurent Alexandre, un millième de seconde suffit. Et puisqu’il faut 1000 milliards de fois plus de temps pour produire un cerveau biologique qu’un cerveau de silicium, la thèse d’Elon Musk, c’est que nous n’avons pas le choix, il faudra hybrider nos cerveaux pour nous éviter d’être les Labradors des machines de demain.
Intelligence artificielle
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici