Amid Faljaoui
Hamas-Israel : quel impact sur le pétrole ?
Face au drame humain qui se déroule en ce moment au Moyen-Orient, il est toujours délicat de parler d’économie, mais c’est l’objet de cette chronique et l’une des inquiétudes économiques aujourd’hui porte sur une éventuelle flambée des prix de l’énergie.
Nous avions eu peur de passer un hiver rude l’an dernier. Grâce au ciel, mais surtout aux mesures prises par la Commission européenne, cela n’a pas été le cas. Avec la guerre entre le Hamas et Israël se pose à nouveau la question de savoir si le prix du pétrole va exploser. Comme l’offensive du Hamas a été déclenchée au lendemain des 50 ans de la guerre du Kippour – qui je vous le rappelle a duré du 6 au 25 octobre 1973 -, certains se demandent si nous n’allons pas vivre un remake de 1973. A priori, ce ne sera pas le cas, et cela pour plusieurs raisons.
Si vous observez le marché pétrolier en ce moment, les experts vous diront que la prime de risque lié à ce conflit est minime : Israël et les territoires palestiniens ne sont pas des producteurs de pétrole. L’autre différence avec 1973, c’est qu’à l’époque tous les pays de la région qui exportaient du pétrole avaient déclaré un embargo sur l’or noir, ce qui avait conduit à une explosion des cours. Or, justement, les spécialistes en géopolitique l’ont reconnu, l’une des raisons de l’attaque du Hamas, c’est d’empêcher le rapprochement en cours de l’Arabie Saoudite avec l’Etat d’Israël. On n’est donc pas dans la même configuration qu’en 1973 puisqu’avant le weekend dernier, la plupart des pays arabes, y compris les monarchies pétrolières étaient en train de se rapprocher d’Israël. Mais ce n’est pas pour cela que les marchés financiers et les investisseurs ne sont pas anxieux. La vraie question qu’ils se posent, c’est : est-ce que ce conflit va rester local ou va-t-il s’aggraver ou s’étendre à d’autres pays ? On pense surtout à l’Iran qui est clairement aux côtés du Hamas. Là encore, l’Iran n’est pas un acteur majeur du marché pétrolier, du fait de l’embargo américain. C’est vrai que l’administration américaine ferme un peu les yeux et que les Iraniens arrivent encore à exporter l’équivalent de 3% du marché mondial du pétrole. Mais après l’attaque du Hamas, la Maison-Blanche ne pourra plus faire semblant de ne pas voir ces exportations de brut iranien. 3% ce n’est pas beaucoup, mais dans un marché tendu comme il l’est maintenant, chaque pour cent de production compte. Et puis, l’inquiétude porte évidemment sur le détroit d’Ormuz qui est co-contrôlé par les Iraniens et par lequel passe 20% de l’offre mondiale de pétrole brut. Quid s’il est fermé de force ?
Donc, oui, les marchés restent relativement calmes et sont plutôt dans un mode interrogatif sur la possible extension ou non du conflit entre le Hamas et Israël. Mais pour l’heure, et c’est étonnant à dire, mais les marchés financiers sont davantage préoccupés par la hausse brutale et rapide des taux d’intérêt que par le conflit israélo-palestinien. Pour le moment.
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