Typhanie Afschrift

La droite anti-libérale, un danger pour la France

Typhanie Afschrift Professeure ordinaire à l'Université libre de Bruxelles

Tout le monde fait remarquer que le nouveau gouvernement français est un gouvernement de droite. C’est certainement vrai si l’on s’obstine à raisonner en termes de “droite” et de “gauche”.

Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, est clairement un homme de droite sur de nombreux sujets. Sur toutes les questions éthiques, il s’est toujours signalé par ses positions ultra-conservatrices, en tant que député et ministre français comme en tant que commissaire européen. C’est un représentant de la droite traditionnelle, qui a démontré par ses votes son hostilité à l’interruption volontaire de grossesse, à l’homosexualité et au Pacs à la française. En clair, c’est un partisan de la famille traditionnelle, dépourvu de la moindre tolérance envers ceux qui pensent autrement.

Il ne faut pas s’imaginer, par ailleurs, qu’il puisse être un libéral en économie. Au contraire, les positions de ce “gaulliste social” ont toujours été favorables à “plus d’État”, ou encore un État plus fort. Il s’est montré hostile à l’immigration, mais partisan de taxes écologiques. Commissaire au Marché intérieur de l’Union européenne, il n’a jamais rien fait pour libéraliser celui-ci.

En somme, Emmanuel Macron a choisi en lui une parfaite synthèse des partis qui s’affrontent au sein de l’Assemblée nationale depuis qu’il a perdu les élections. Ce qui caractérise aussi bien le RN de Marine Le Pen que le Nouveau Front Populaire, en ce compris bien sûr le LFI de Mélenchon, c’est la volonté d’un État fort. Les programmes économiques de l’extrême gauche et de l’extrême droite présentent beaucoup de points communs, dont l’augmentation des impôts.

Une vraie justice fiscale commence par vérifier si le niveau total des impôts n’est pas excessif.

Sans doute Barnier ne va-t-il pas suivre les délires de surtaxation que Lucie Castets était prête à transformer en loi. Mais, avant même de former son gouvernement, il a annoncé ce qu’il appelle, dans le jargon propre aux étatistes, une “plus grande justice fiscale”. Pour lui, cela veut dire encore augmenter les impôts, même en France où ils sont déjà parmi les plus élevés au monde, avec la Belgique bien sûr.

Une vraie justice fiscale commence par vérifier si le niveau total des impôts n’est pas excessif. Si l’État ne prend pas une part trop importante de ce que les citoyens produisent. La réponse est évidemment positive dans un État surtaxé et sur-réglementé comme la France. Mais ce n’est pas le gouvernement de Barnier, composé de grands partisans de l’État et d’une majorité de personnes qui, comme lui, n’ont jamais vécu qu’aux crochets du contribuable, qui va y changer quelque chose.

Au contraire, on peut s’attendre à de nouveaux impôts, que l’on tentera de justifier par le déficit des finances publiques, causé lui-même par des dépenses publiques déraisonnables des gouvernements d’Emmanuel Macron pendant la pandémie et après celle-ci. L’important, dans ce gouvernement, n’est pas qu’il soit de “droite”, ce qu’il est. C’est qu’en réalité, il est un partisan de l’État fort, ce qui lui permettra sans doute de bénéficier d’une neutralité bienveillante de l’extrême droite.

Le point commun entre un tel attelage, dirigé par le chef d’un parti qui ne représente même pas 10% des voix à l’Assemblée nationale, et les groupes dominants de celle-ci, c’est l’antilibéralisme forcené. Un danger pour la France, mais aussi pour l’Europe, elle aussi dirigée de manière de plus en plus autoritaire et dirigiste. Il fallait s’y attendre: dans un pays largement partagé entre des partis ultra-collectivistes, d’une part, et une extrême droite nationaliste, d’autre part, ce sont les libertés qui finissent par être perdantes.

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