Amid Faljaoui

Faciliter l’engagement de travailleurs étrangers en Wallonie, c’est accepter que nous sommes des… bras cassés

En voulant faciliter l’engagement de travailleurs étrangers, la Wallonie envoie le message subliminal que nous sommes des… bras cassés. Quelle erreur !

La semaine qui s’achève aura été l’occasion de redécouvrir que la Belgique est bien le pays du surréalisme.  On a appris que la Wallonie veut réformer et accélérer l’octroi d’un permis de travail pour des travailleurs étrangers pour lutter contre les pénuries d’emplois en Wallonie. A priori, on a envie d’applaudir. Si ces métiers trouvent preneurs, c’est bon pour la croissance et d’ailleurs, les associations patronales applaudissent cette initiative. Normal, les entreprises, petites et grandes pleurent pour trouver des personnes pour des jobs vacants. Et des jobs vacants, il y en a 200.000 dans notre magnifique pays.

Le problème, c’est que si l’on s’arrête sur cette nouvelle et que l’on n’est pas de mauvaise foi, il n’y a qu’un constat possible : nous sommes en échec total. La politique économique en Wallonie et même à Bruxelles est un fiasco monumental qui ne dit pas son nom. D’accord sur le principe d’aller chercher des travailleurs étrangers pour les engager. Mais si ces étrangers ont des qualifications, des compétences que nous ne trouvons pas chez nous, c’est l’échec de notre enseignement supérieur qui est pointé du doigt en filigrane. On sait que les universités francophones ne produisent pas assez d’ingénieurs. Si avant, seule l’industrie faisait appel aux ingénieurs, aujourd’hui, des banques, des assureurs, des sociétés informatiques pleurent chaque jour pour en trouver, en vain.

Ce constat, c’est l’échec de l’efficacité de notre enseignement supérieur. Donc, en dépit des notre pression fiscale qui est la plus élevée au monde, malgré tout cet argent qui nous est ponctionné pour le bien collectif, nous n’arrivons pas à former des techniciens et des ingénieurs en suffisance. A l’heure de l’intelligence artificielle, ce n’est pas rassurant pour notre avenir.

Pire, si c’est pour engager des travailleurs étrangers non qualifiés, c’est encore plus dérangeant moralement, car cela veut dire quoi ? Cela veut dire que quelqu’un qui n’a pas encore de papier, qui souvent ne parle pas notre langue, qui n’a pas de qualification, va prendre un job en pénurie alors que le taux de chômage, notamment de longue durée en Wallonie et à Bruxelles, est au plus haut. Vu de l’étranger, c’est du surréalisme. Comme l’écrivait un humoriste, se faire remplacer par un sans-papier, sans qualification et ne parlant même pas français, revient à dire en creux que nous sommes des bras cassés. Franchement, ce n’est pas l’image que j’ai envie que mon pays donne à l’étranger. D’ailleurs, même nos voisins flamands ont renoncé à chercher des travailleurs en Wallonie pour leurs emplois vacants, et préfèrent chercher au… Mexique. Si ça ce n’est pas une gifle pour nos politiques, qu’est-ce que c’est alors ?

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