Amid Faljaoui
Et au final, c’est toujours l’Allemagne qui gagne !
Vous vous souvenez sans doute de cet adage, en vogue dans le milieu du foot : et au final, c’est toujours l’Allemagne qui gagne. Pour la Bourse, c’est un peu la même chose en cette fin d’année : et à la fin, c’est le DAX, l’indice de la Bourse allemande, qui gagne.
C’est assez étonnant. Le CAC 40, l’indice parisien, est à la traîne, alors que la situation en Allemagne n’est guère meilleure que celle de la France. Pourtant, l’indice allemand affiche une progression de plus de 20 % depuis le début de l’année. En comparaison, le CAC 40 fait du sur place avec +1 %.
Comment est-ce possible ? Comment une économie allemande, qui souffre de ne plus disposer de l’énergie bon marché russe, peut-elle performer en Bourse ? Comment une économie allemande, habituée à exporter son made in Germany vers la Chine, peut-elle se porter bien alors que le moteur de la consommation est en panne en Chine ? Comment l’Allemagne, avec l’implosion de la coalition entre les Verts, les sociaux-démocrates et les libéraux, a ouvert une crise politique inédite et que des élections anticipées ont lieu en février prochain ? En résumé, alors que l’économie allemande passe par une période de spleen, qu’on voit d’ailleurs dans les chiffres, comment est-ce possible que l’économie réelle se porte mal et que la Bourse allemande pète la forme ?
Le divorce est patent en cette fin d’année et la question de ce vendredi est simple : qui a raison, la Bourse ou l’économie ? La réponse est : oui, l’Allemagne a effectivement des difficultés, mais à l’inverse de pays comme la France ou notre Belgique, l’Allemagne a des finances publiques très saines. Avec une dette publique d’à peine 60% du PIB alors que la Belgique et la France sont au-dessus des 100%. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que les dirigeants politiques allemands ont de la marge pour relancer leur économique. Et puis, secundo, alors que la crise politique en France et en Belgique empêche la formation d’un gouvernement, en Allemagne, les élections anticipées sont bien vues par la Bourse qui anticipe une majorité solide à la sortie des urnes en février prochain. Cette majorité a de fortes chances de faire sauter le fameux verrou du Schwarze Null, une règle inscrite dans la constitution et qui interdit tout déficit budgétaire. Si cette règle saute, l’Allemagne pourra investir dans son avenir, ce qui n’est pas le cas de la Belgique ou de la France.
Oui, la Bourse anticipe des lendemains meilleurs pour l’Allemagne et oui, la Bourse parie que l’Allemagne va rebondir. Le premier de classe européen traverse un trou d’air, mais il reste le premier de classe. Parce qu’il a respecté la fable de Jean de la Fontaine, l’élève allemand a été fourmi et non pas cigale. Donc, malgré les difficultés, il a de la marge pour rebondir.
Mais qu’en pensent les cigales belges et françaises?
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