Amid Faljaoui

Elon Musk : travailler va devenir un hobby ou une… option !

Est-ce que le travail, notre travail, votre travail va devenir un hobby ? La question semble saugrenue, je sais bien qu’un sage chinois a dit que si vous ne voulez pas travailler, choisissez un job qui vous plait, mais quand même, dire que « le travail va devenir un hobby », c’est quand même fort de café ! Sauf pour Elon Musk, qui clame haut et fort qu’avec l’IA, l’emploi, c’est fini ! C’est ce qu’il a déclaré dans le magazine économique américain Fortune cette semaine.

En réalité, cette déclaration d’Elon Musk n’est pas nouvelle, il a dit exactement la même chose, à Paris, la semaine dernière, dans le cadre du salon Vivatech, qui est la plus grande rencontre de dirigeants du secteur technologique au monde. S’exprimant à ce salon par webcam, Elon Musk a dit plusieurs choses. Primo, qu’avec l’IA et les robots humanoïdes, « il est probable qu’aucun d’entre nous n’aura un emploi » et puis, il a décrit un avenir dans lequel, « les emplois seront optionnels (…). Si vous voulez faire un travail qui est un peu comme un hobby, vous pouvez faire ce travail (…) sinon, l’IA et les robots fourniront tous les biens et services que vous souhaitez ».

Et voilà, c’est à cause ou grâce à cette déclaration que vous allez voir bientôt fleurir des tas d’articles demandant si nous aurons encore un travail demain et surtout que faire de nous si nous n’avons pas de travail, nous n’allons quand même pas regarder notre nombril toute la journée ou boire des mojitos à la plage. Et d’ailleurs, avec quel argent, si nous n’avons plus de travail ? Et à ces questions existentielles, Elon Musk ne répond pas, sauf en disant comme d’autres patrons de la Silicon Valley que nous allons tous bénéficier d’un revenu universel pour éviter que les sans jobs ne se révoltent contre les machines.

Mais ne paniquez pas encore, pas mal de chercheurs en intelligence artificielle – s’ils reconnaissent de grandes qualités intellectuelles à Elon Musk – trouvent qu’il parle trop d’un sujet dont il n’est pas nécessairement un spécialiste. Et ces mêmes experts en IA rappellent que c’est le même Elon Musk qui nous prédisait qu’on irait sur Mars en 2024. C’est vrai qu’il doit se dépêcher car il ne reste plus que 6 mois !

Plus sérieusement, Elon Musk peut se tromper dans le timing, c’est évident mais la menace de l’IA sur nos jobs, elle, est réelle. Ce qui me fascine, c’est que les politiques n’en parlent pas. Hier, j’ai discuté avec un représentant du monde politique du plus haut niveau en Belgique, et la personne en question avouait ne rien y connaitre, mais pire encore, ne pas s’y intéresser. Et ça, ça ne me rassure, car si gouverner, c’est prévoir, nous sommes dans de sales draps.

Après, c’est vrai que d’autres spécialistes de l’IA, comme le Français Yann Le Cun, le patron de l’IA chez Meta nous rappelle le paradoxe de Moravec. A savoir que l’intelligence artificielle et les robots humanoïdes savent faire des choses extrêmement complexes MAIS ont des difficultés immenses pour exécuter des choses simples comme par exemple ouvrir une fenêtre. D’ailleurs OpenAI, la maison mère de ChatGPT a publié une liste de métiers – souvent manuels – qui ne risquent pas d’être remplacés demain par l’IA. Il s’agit des métiers de coiffeurs, de couvreurs, de mécanicien, pour n’en citer que quelques-uns. Est-ce à dire que les cols blancs et les cadres seront eux condamnés à être de simples « ouvreurs de fenêtres » ? A cette question Elon Musk ne répond pas et nos politiques encore moins, car ils vivent dans le monde d’hier et n’écoutent ou ne lisent pas cette chronique.

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