Amid Faljaoui

Elon Musk, le prophète à mille milliards

Hier soir, les actionnaires de Tesla ont approuvé, à une majorité écrasante, la rémunération la plus spectaculaire de l’histoire moderne : un plan de mille milliards de dollars pour Elon Musk. Un montant insensé ? Peut-être. Mais derrière cette somme, se cache un phénomène bien plus profond : la transformation d’un chef d’entreprise en figure quasi religieuse, capable de convertir la Bourse à la foi technologique.

C’est tombé hier soir, comme un tonnerre dans un ciel déjà électrique : les actionnaires de Tesla ont validé le plan de rémunération le plus ambitieux jamais accordé à un dirigeant. Elon Musk, le patron iconique du constructeur automobile, pourrait toucher jusqu’à mille milliards de dollars sur dix ans. Un chiffre vertigineux, indécent, mais surtout symbolique d’une époque où la valeur d’une entreprise ne se mesure plus seulement en profits… mais en promesses.

Mais attention, il ne s’agit pas d’un chèque en blanc. Ce plan de rémunération extravagant est conditionné à douze paliers de performance : croissance du chiffre d’affaires, résultats, innovations, et surtout… valorisation boursière.

Pour décrocher le jackpot, Musk devra porter la valeur de Tesla à 8 500 milliards de dollars, alors qu’elle est aujourd’hui d’environ 1 500 milliards. Autant dire que la route est longue.

Mais pour l’homme qui a déjà transformé l’automobile électrique en symbole de réussite mondiale, ce n’est pas un rêve : c’est un scénario. Car Tesla n’est plus un constructeur de voitures, c’est une fabrique d’imaginaires technologiques.

Dans son plan, Musk promet de livrer non seulement des millions de véhicules supplémentaires, mais aussi des robots humanoïdes, les fameux Optimus, et des taxis autonomes capables de circuler sans conducteur.

Chaque objectif franchi lui donnerait droit à une nouvelle tranche d’actions, jusqu’à potentiellement contrôler un quart de l’entreprise.

Évidemment, ce plan complètement dingue soulève des critiques. Certains fonds d’investissement dénoncent une “rémunération stratosphérique”, une dépendance excessive à un seul homme, et un pouvoir sans contrepoids. Mais voilà, malgré les mises en garde, 75 % des actionnaires ont voté oui. Et ce vote dit tout : Musk n’est pas seulement le patron de Tesla, il en est devenu la religion ou du moins le Prophète. Parce qu’il faut bien le reconnaître : il a déjà accompli des miracles. Il a fait de la voiture électrique un objet de désir. Il a fait décoller des fusées réutilisables avec SpaceX. Il s’attaque désormais au cerveau humain avec Neuralink.

Autrement dit, là où les autres achètent des parts de marché, lui achète des parts du futur. Bien sûr, cette foi en Musk n’est pas irrationnelle : elle repose sur un palmarès. Mais elle montre aussi à quel point le capitalisme contemporain se nourrit désormais d’histoires et de croyances. On ne mise plus seulement sur une entreprise, on investit dans un récit, dans du storytelling comme on dit aujourd’hui.

Et Elon Musk, qu’on l’admire ou qu’on le déteste, est devenu le conteur d’histoires le plus puissant du monde industriel. Bien sûr, tout cela reste un pari.

Motif ? Pour atteindre 8 500 milliards de dollars de valorisation, Tesla devra non seulement dominer la voiture électrique, mais aussi réussir sa mutation vers l’intelligence artificielle et la robotique, deux secteurs ultra-concurrentiels.

Et Musk, toujours tiraillé entre ses multiples projets, devra prouver qu’il peut encore livrer des résultats concrets tout en entretenant son mythe. Au fond, ce plan à mille milliards n’est pas seulement une histoire d’argent.

C’est une histoire de foi dans le progrès. Elon Musk incarne l’idée que la technologie peut encore sauver, fasciner et unir. Et tant que les marchés continueront d’y croire, Tesla ne sera pas qu’une marque : ce sera une église du futur, où la foi et le profit marchent main dans la main.

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