La chronique d’Amid Faljaoui, directeur de Trends-Tendances.
Vous savez ce qu’on dit : l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Et bien, en Wallonie, il est pavé… de briques. Depuis Janvier dernier, le gouvernement a voulu donner un coup de pouce aux jeunes qui rêvent d’acheter. Les droits d’enregistrement sont passés de 12,5 % à 3 %.
Sur le papier, c’est un super cadeau. Moins d’impôts, plus de budget, plus de maisons achetées. Sauf que… neuf mois plus tard, les prix ont bondi de 13 %.
En clair : tout ce que les acheteurs ont économisé, les vendeurs l’ont ajouté à leur prix. Résultat ? Les jeunes paient toujours autant. Sauf qu’ils ont maintenant l’impression d’avoir eu une aide. C’est un peu comme offrir un parapluie troué sous la pluie : l’intention est bonne, mais on finit quand même trempé.
Et ce n’est pas une surprise. Motif ? La Flandre avait déjà fait la même expérience : baisse des droits, hausse des prix, et au final… même galère pour les primo-acquéreurs.
Mais comme souvent, on s’est dit : “Chez nous, ce sera différent.” Eh bien, non.
Pourquoi ? Parce que dans l’immobilier, ce n’est pas la loi du marché, c’est la loi du mental, de la psychologie qui prévaut. Quand on annonce une réduction d’impôts, les acheteurs se précipitent. Les vendeurs voient la demande grimper, et hop, ils augmentent leurs prix. C’est aussi simple et hélas aussi prévisible que ça.
D’ailleurs, on a déjà vu ce film pendant le Covid. Souvenez-vous : tout le monde voulait une maison avec un jardin. Résultat : les prix avaient explosé. Là, c’est pareil, mais cette fois, c’est le gouvernement qui a allumé la mèche.
Et pendant ce temps-là, les finances publiques s’effondrent : 270 millions d’euros de manque à gagner. Soit, ô paradoxe, le montant exact que la Région veut économiser ailleurs. Cherchez l’erreur.
Alors oui, l’intention du gouvernement wallon était bonne. Mais si on voulait vraiment aider les jeunes, il fallait cibler les logements abordables, disons en dessous de 200.000 euros ou réserver la réduction à ceux qui achètent pour y vivre, pas pour investir, histoire de casser la spéculation.
Et surtout : il fallait construire, donc octroyer plus de permis. Parce que tant qu’on ne crée pas plus d’offre, chaque aide à l’achat ne fait qu’augmenter les prix. Ce n’est pas une politique du logement, c’est une politique de bulles, exactement comme en Bourse.
Moralité ? Quand l’État (la Région) joue au Père Noël dans un marché en tension, les vendeurs reçoivent les cadeaux… et les acheteurs, les factures.