Amid Faljaoui

Crédit ou cash ? La question qui influe sur la qualité de votre sommeil

Alors voilà : les taux hypothécaires remontent. Pas de manière spectaculaire, mais suffisamment pour que la question ressorte à chaque discussion immobilière ou lors d’un barbecue entre amis : “Est-ce que je dois emprunter un maximum ? Ou injecter un max de cash dans mon achat immobilier ?”

Réponse courte : ça dépend. Réponse longue : ça dépend surtout de ce que vous faites avec votre cash si vous ne le mettez pas dans votre maison.

Petit rappel pour situer le décor : aujourd’hui, pour un crédit hypothécaire fixe sur 25 ans, avec 80% emprunté, vous êtes autour de 3,6% en moyenne contre seulement 3% en mars dernier. 3,6%, c’est le niveau le plus élevé depuis fin 2023. La faute à qui ? Mais en partie à cause des tensions commerciales provoquées par Donald Trump qui font craindre une remontée de l’inflation. Comme quoi ce qui se décide à Washington a un impact à Bruxelles ou à Liège. Mais attention : ce n’est pas du tout un taux d’intérêt qu’on pourrait qualifier de “je suis interdit de crédit”. C’est simplement un retour à la normale. Et la Banque centrale européenne, qui a fait une pause en juillet, ne semble pas prête à relancer une vague de baisses. Autrement dit : les taux d’intérêt risquent de rester là… ou même de grimper encore un peu.

Alors faut-il injecter du cash pour emprunter moins ? Pas forcément.

Parce que la vraie question, ce n’est pas le coût de l’emprunt comme le rappelle L’Écho. C’est le rendement alternatif de votre épargne. Si votre argent, vos liquidités dorment sur un compte d’épargne à 0,45%, effectivement, autant le mettre dans la maison. Mais si vous le placez à 2% sur un compte à terme, ou mieux, en bourse avec des rendements de 6% à long terme, alors l’équation change complètement.

L’économiste Philippe Ledent de ING interrogé par mes confrères de L’Écho le dit clairement : sur les vingt dernières années, la stratégie la plus rentable, c’était d’emprunter un maximum pour son logement et de placer son cash en bourse. Parce qu’à long terme, le rendement net d’un portefeuille diversifié dépasse très largement le taux d’un crédit immobilier. Et donc, même si vous payez 3,6% sur votre emprunt, mais que votre cash vous rapporte 6 ou 7% ailleurs, le calcul est vite fait.

Mais – et c’est un gros “mais” – tout le monde n’a pas l’estomac pour voir son portefeuille chuter de 10% en une semaine. Si vous êtes du genre à paniquer à la première alerte ou à vendre au pire moment, alors oui, mieux vaut jouer la sécurité : moins d’emprunt, plus de cash dans la maison, et un bon sommeil garanti.

Car c’est ça le vrai critère, au fond : votre profil psychologique. Pas seulement votre profil financier. Le crédit, c’est aussi une question d’angoisse, de stress. Pour certains, devoir rembourser 300.000 euros les réveille la nuit. Pour d’autres, c’est la perspective de rater une opportunité sur les marchés qui les empêche de dormir.

Donc emprunter ou pas, ce n’est pas qu’une affaire de taux. C’est une affaire de tempérament. Et de vision du futur.

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