Amid Faljaoui

C’est au tour de Peter Thiel de vendre toutes ses actions Nvidia : que sait-il qu’on ne sait pas ?

Une chronique d’Amid Faljaoui.

Lundi 17 novembre, un nom a fait réagir les marchés : Peter Thiel. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est l’un des grands investisseurs de la Silicon Valley. Il a cofondé PayPal avec Elon Musk et il a financé très tôt Facebook. C’est un milliardaire influent, souvent présenté comme quelqu’un qui aime aller à contre-courant et qui a le nez fin. Et cette fois, il a frappé fort : il a vendu toutes ses actions Nvidia. Oui, toutes. En une fois. Et comme Nvidia est aujourd’hui l’entreprise la plus valorisée au monde grâce à l’intelligence artificielle, cette décision a immédiatement créé un petit frisson sur les marchés.

Alors, qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que Thiel prévoit l’explosion d’une bulle de l’IA ? L’épargnant moyen s’inquiète : “Sait-il des choses que mon banquier privé ne sait pas ?”  Et c’est la question qui taraude évidemment tous les investisseurs. Notamment en Belgique où beaucoup d’épargnants sont détenteurs d’actions Nvidia ou d’autres actions de la tech dopées à l’IA.

En réalité, il faut remettre les choses dans leur contexte. D’abord, Peter Thiel n’a pas agi via un énorme fonds capable de faire bouger toute la Bourse. Il a vendu depuis un véhicule d’investissement assez “modeste” pour un milliardaire. Son geste est visible parce qu’il est connu et non pas parce qu’il représente des montants colossaux. Ensuite, les chiffres globaux montrent une réalité très différente : sur les 900 fonds analysés aux États-Unis, environ 160 ont vendu des actions Nvidia… mais pratiquement le même nombre en a racheté. On est donc loin d’un mouvement de panique. C’est plutôt un marché qui se rééquilibre. Alors pourquoi cette vente fait-elle autant parler ?

Mais parce que le sujet de l’IA est brûlant, et que beaucoup se demandent si les valorisations ne sont pas allées trop loin. Quand un investisseur connu comme Thiel bouge, le marché se demande tout de suite : Sait-il quelque chose que nous ignorons ? Mais soyons francs : il n’y a aucune preuve de cela. D’ailleurs, sa vente peut s’expliquer par des raisons très pratiques : prise de bénéfices, gestion du risque, changement de stratégie ou même raisons fiscales. Rien n’indique qu’il prévoit une explosion de la bulle de l’IA. La prevue ? Pendant ce temps-là, Nvidia continue d’avoir une demande énorme pour ses puces d’IA. Les géants comme Microsoft, Amazon et Google en commandent toujours plus, et la dynamique industrielle reste très forte. Au final, ce que montre surtout cet épisode, c’est notre tendance collective à surinterpréter chaque geste d’un personnage connu. Parfois, un investisseur vend simplement parce qu’il estime que sa position a assez monté. Pas parce qu’il annonce l’avenir.

En clair : pour comprendre vraiment ce qui se passe, mieux vaut suivre les tendances lourdes – les commandes des géants de la tech, les budgets consacrés à l’IA, la capacité de production – plutôt que les décisions isolées d’un milliardaire, même célèbre. C’est ça, aujourd’hui, qui fait la différence entre un signal… et du bruit. Mais c’est vrai ce frisson boursier qui a entouré la vente des actions Nvidia de Peter Thiel rappelle que la Bourse est devenue aussi un cirque médiatique. Et pour l’instant, tant que l’orchestre continue de jouer, personne n’a envie de quitter la salle de danse. Et la question subiste : est-ce une danse autour d’un volcan ou pas ?

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