Philippe Ledent
Bruxelles et Francfort freinent la reprise
La Commission prépare un nouveau paquet de règles qui, selon toute vraisemblance, seront axées sur les dépenses.
Même si la baisse des prix de l’énergie permet d’envisager une reprise économique, il ne faut pas voir cette année comme la copie de 2021, où l’économie se réveille après un cauchemar et reprend vigoureusement. Le contexte est très différent. Par exemple, il est indéniable qu’en l’absence d’un nouveau choc négatif (on l’espère…), tant la politique monétaire que la politique budgétaire vont devenir plus restrictives.
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S’agissant de la politique monétaire, ce n’est pas une surprise puisque la première hausse de taux de la BCE date de juillet 2022. Dès lors, les effets du cycle de hausses se font de plus en plus sentir sur l’économie. En effet, tous les canaux de transmission de la politique monétaire ont déjà subi d’importants ajustements: masse monétaire, prix des actifs financiers, taux bancaires, euro.
Au travers de ces canaux de transmission, la demande globale dans l’économie devrait s’affaiblir, ce qui est le but recherché afin de freiner l’inflation. Compte tenu du délai entre les décisions de politique monétaire et leurs effets complets sur l’économie, on devrait voir plus clairement les effets des hausses de taux passées dans les prochains mois.
Le retour des règles budgétaires
De nouvelles hausses interviendront par ailleurs, puisqu’aux yeux de la Banque centrale européenne (BCE), le ralentissement de la demande est loin d’être suffisant. Enfin, la réduction de la taille du bilan de la BCE par le non-réinvestissement d’actifs en portefeuille et venant à échéance participe également (mais plus marginalement) à rendre la politique monétaire restrictive.
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Plus récemment, la Commission européenne a remis sur la table le dossier des règles budgétaires européennes. En effet, la semaine dernière, le vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis et le commissaire Paolo Gentiloni ont précisé leurs intentions en la matière. Pour rappel, les règles budgétaires européennes ont été suspendues en 2020 pour permettre aux gouvernements nationaux de lutter contre les effets de la pandémie “quoi qu’il en coûte”.
Ces règles n’ont plus été réintroduites depuis. La Commission a annoncé qu’elles le seront bien en 2024, ce qui implique que pour le mois d’avril de cette année, les gouvernements devront soumettre à la Commission leur feuille de route pour se mettre en adéquation avec celles-ci. Le principe d’un déficit excessif au-delà de 3% et d’une cible d’endettement de 60% du PIB subsiste pour le moment.
La Belgique devra faire des efforts
Cependant, les règles devraient évoluer: la Commission prépare un nouveau paquet de règles qui, selon toute vraisemblance, seront axées sur les dépenses. L’idée serait d’autoriser temporairement des déficits plus importants que précédemment, mais à condition qu’ils soient dus à des dépenses d’investissements nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques par exemple.
Dans le cas de la Belgique, le déficit étant davantage lié à des dépenses courantes, la plus grande souplesse de la Commission n’évitera pas la nécessité de faire des efforts. On doit donc raisonnablement s’attendre à une politique budgétaire moins accommodante, ce qui, en soi, est aussi un vent contraire à la reprise.
On pourrait trouver cette situation très paradoxale. Mais il ne faut pas oublier qu’une inflation durablement élevée et des finances publiques insoutenables ont des conséquences encore bien pires sur l’économie, même si cela ne se voit pas directement. En ce sens, même si elles freinent l’économie, ces politiques sont nécessaires. Tout l’enjeu sera de ne pas en faire trop.
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