Amid Faljaoui

Bitcoin et or : quand la peur fait flamber les valeurs refuges

Cette semaine, deux records ont affolé les marchés. Le bitcoin a dépassé les 125 000 dollars, son plus haut historique. Et l’or a franchi pour la première fois la barre symbolique des 4 000 dollars l’once. Deux actifs très  différents, mais une même explication : la peur.

Quand les marchés doutent, quand les États s’enlisent, les investisseurs cherchent des refuges. Et aujourd’hui, ils en ont deux : le vieil or, tangible et millénaire, et le jeune bitcoin, immatériel mais limité.

Aux États-Unis, le gouvernement est paralysé par un shutdown budgétaire. Cela bloque les statistiques économiques et alimente les craintes sur la solidité du dollar. Résultat : la monnaie américaine a perdu 11 % de sa valeur depuis le début de l’année, un record depuis 1973, lorsque Nixon avait mis fin à l’étalon-or. Et comme souvent dans ces périodes de flottement, l’argent se déplace vers tout ce qui semble plus fiable.

Le bitcoin profite aussi d’un autre phénomène : l’arrivée des ETF Bitcoin Spot. De quoi s’agit-il ? Ce sont des produits financiers permettant d’acheter du bitcoin à la Bourse comme une simple action. Depuis leur autorisation en janvier 2024, plus de 14 milliards de dollars ont été investis. Et comme il n’y aura jamais plus de 21 millions de bitcoins, la rareté fait monter le prix. Depuis l’élection de Donald Trump, le cours du Bitcoin a bondi de 75 %.

L’or

Mais pendant que la monnaie numérique s’envole, le métal jaune continue, lui aussi, de briller. L’or a progressé de 51 % depuis janvier. Pourquoi ? Parce qu’il profite, lui aussi, de la baisse des taux d’intérêt. L’or ne rapporte rien, donc quand les taux baissent, il devient plus attractif. Et puis, la faiblesse du dollar joue aussi : quand la monnaie américaine perd de la valeur, l’or, coté en dollars, grimpe mécaniquement.

Autre élément clé pour expliquer cette envolée de l’or : les banques centrales des pays émergents achètent de plus en plus d’or. La Chine, la Russie ou la Turquie veulent réduire leur dépendance au dollar, surtout depuis le gel des avoirs russes en Europe. En accumulant du métal jaune, elles envoient un message clair : la confiance dans le système monétaire mondial (le dollar donc) s’effrite.

Une histoire de méfiance

Au fond, l’or et le bitcoin racontent la même histoire. Une histoire de méfiance : méfiance envers les gouvernements, méfiance envers les dettes publiques, méfiance envers les monnaies que l’on imprime sans limite. L’un brille dans les coffres, l’autre scintille sur les écrans, mais tous deux symbolisent la même fuite : la fuite devant la politique et les Etats hyper endettés.

Alors oui, ces records impressionnent. Mais ils sont peut-être le symptôme d’un malaise plus profond. Celui d’un monde qui ne croit plus à la solidité de ses institutions et qui cherche désespérément un repère. L’or et le bitcoin, chacun à leur manière, deviennent les thermomètres d’un système en proie au doute.

Et si, finalement, le vrai record de la semaine, ce n’était pas celui du bitcoin ni de l’or… mais celui du doute collectif ?

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