Bienvenue dans un monde que les assureurs ne voudront bientôt plus assurer
Nous entrons sans le savoir dans un monde où il sera de plus en plus difficile de s’assurer. Et ce constat vaut autant pour le particulier, que pour l’entreprise ou une administration publique.
Selon le directeur général de Zurich Insurance nous nous dirigeons vers un monde inassurable. Pas seulement à cause des catastrophes naturelles qui font pourtant les gros titres des médias, mais bien par peur des cyberattaques, précise-t-il au Financial. On le constate, face la multiplication de ces attaques, les assureurs deviennent de plus en plus frileux.
Ils ont d’abord augmenté leurs primes. Aujourd’hui, certains d’entre eux ne veulent même plus endosser les pertes. Ils estiment que ce n’est pas à eux de prendre en charge les conséquences de ces attaques. Ce qui fait que la plupart excluent déjà les cyberattaques déclenchées par des Etats. Une chose pas si simple à prouver et qui a déjà donné lieu à des procès comme on l’a vu récemment encore aux États-Unis. Et comme, en général, ce qui s’y passe finit par arriver chez nous quelques mois ou quelques années plus tard, l’Europe risque elle aussi d’être confrontée au phénomène. Autant dire que c’est une mauvaise nouvelle pour les hôpitaux, les entreprises, mais aussi les infrastructures de transport ou d’énergie par exemple.
Selon les Echos, le changement climatique encourage lui aussi la fuite des assureurs. Ainsi State Farm, un assureur bien connu des américains et spécialisé dans le risque habitation, a décidé de ne plus prendre de nouveaux clients en Californie. La multiplication des feux de forêt, des tornades et des inondations dans l’État le plus peuplé d’Amérique met le business modèle de cet assureur en danger. D’autres assureurs lui ont d’ailleurs emboité le pas. C’est le cas de AIG qui a décidé de ne plus prospecter commercialement certaines régions des États-Unis.
Si d’autres assureurs, notamment en Europe, devaient eux aussi se retirer de leur métier qui consiste à nous protéger contre l’incertitude, ce serait un énorme retour en arrière. Après tout, comme le rappellent Les Echos, on ne s’en rend pas compte, mais sans les assureurs, nos ancêtres n’auraient pas pu ouvrir de nouvelles routes maritimes au 16ème siècle et Elon Musk ne pourrait pas envoyer ses satellites dans l’espace.
Cette prudence est induite par un risque devenu trop imprévisible. Le métier d’un assureur c’est de calculer au plus juste ce risque et de lui donner un prix sous forme d’une prime à payer. Mais que peut faire l’assureur quand le risque échappe aux calculs des probabilités ? Comme lors de la crise sanitaire avec un virus dont aucun scientifique ne comprenait les mutations. La géopolitique, les mutations du climat et les cyberguerres plongent les assureurs dans cette même incertitude. Tout cela fait que, oui, les assureurs lentement mais sûrement refusent d’assurer l’inassurable. Laissant à nouveau l’État seul face à ses responsabilités. Un État déjà endetté et qui n’a pas vocation à être l’assureur en dernier ressort. Il faudra donc que l’assurance se réinvente. Car sans assurance, il n’y a pas développement économique possible.
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