Amid Faljaoui
Belgique, nouvelle terre d’accueil des exilés fiscaux français?
Les Français adorent les Belges. Il n’y qu’à regarder le nombre d’humoristes belges qui sévissent avec succès en France et notamment sur les ondes des chaînes radio publiques. Mais cela, c’est pour le Français moyen, si je puis dire. Quant aux Français qui ont les moyens, les riches donc, eux aussi adorent aussi notre pays, car ils savent que si c’est un enfer fiscal pour les salariés et les indépendants.
La Belgique est en revanche un paradis fiscal pour le capital. Notre pays ne taxe pas en effet les plus-values réalisées sur les actions vendues par des patrons français venus s’installer en Belgique. Mais des départs en rafale, c’était avant : du temps d’Alain Juppé ou de François Hollande, qui tous les deux avaient durci la fiscalité en France. L’ancien président François Hollande avait même annoncé un projet de taxation à 75% des revenus, dépassant le million d’euros. Je fais un peu d’archéologie fiscale avec vous aujourd’hui, car un article du journal Le Monde, paru au milieu de l’été, expliquait, je cite, que « la Belgique s’attend à l’arrivée de nouveaux exilés fiscaux français », fin de citation. Question : est-ce vrai ?
Dans l’article en question, on parle de banquiers belges qui sous couvert d’anonymat annoncent qu’il y a beaucoup de demandes d’informations en ce moment sur la fiscalité belge de la part de patrons français candidats à l’exil. J’ai posé avant-hier soir la même question à une avocate fiscaliste très connue en Belgique, et elle me confirme les propos du quotidien Le Monde. Et comme elle a aussi un cabinet en Suisse, elle me confirme en plus que ces questions portent aussi sur la fiscalité en Suisse et pas seulement pour la Belgique. C’est vrai que s’exiler en Belgique pour éviter le déluge d’impôts du Nouveau Front Populaire est plus simple, car il suffit de prendre l’Eurostar qui n’est qu’à une heure trente de Paris, alors que pour la Suisse, il faut prendre l’avion.
Mais si les Français fortunés ne se décident pas encore à prendre l’option de l’exil, c’est qu’il y a des interrogations. La première est que, que pas plus tard qu’hier, on apprenait par la bouche de Lucie Castets, la candidate de la gauche pour le poste de Premier ministre de Macron, qu’elle voudrait rétablir une EXIT TAX pour éviter l’exil fiscal des patrons et des investisseurs français. Comment ? Cette EXIT TAX serait de 30% sur les plus-values latentes, donc théoriques, sur la valeur prise par le patrimoine de ces Français entre le moment où ils acquièrent ce patrimoine et le moment de leur départ de France C’est en soi un solide frein à l’exil même si le passé a montré que cette EXIT TAX ne rapportait pas autant que l’imaginait le fisc français. Au contraire, cette taxe incitait les Français fortunés à s’installer à l’étranger en début d’activité pour prévenir l’apparition d’une plus-value latente en France.
Et puis le second frein à l’exil, c’est que la Belgique a certes voté à droite, mais qu’il y a quand même des discussions pour instaurer une taxe sur les plus-values en actions de 10%. Pour l’heure, c’est le MR qui bloque cette éventualité pour ne pas être en porte-à-faux vis-à-vis de son électorat.
Je parlais de l’humour des Belges au début de cette chronique et c’est vrai que nous avons beaucoup d’humour puisque nous avons baptisé ces Français, candidats à l’exil en Belgique, de « SDF » (pour “Sans Difficulté Financière”). Et ces SDF sont perdus en ce moment, ils ne savent pas s’ils doivent rester sous le pont français ou s’ils doivent s’installer sous un pont belge ou suisse. Les pauvres !
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