Amid Faljaoui

Bart De Wever, Talleyrand et les futures promesses avortées 

Je suis très ravi de vous retrouver après cette pause estivale. Démarrons tout de suite, avec la formation du futur gouvernement belge. Je plains le formateur Bart De Wever, car au moment où je vous parle, la troisième version de sa super note vient d’être recalée ce dimanche soir par ses partenaires pour un futur gouvernement. Il va sans doute plaider auprès du Roi ce lundi pour continuer ses négociations et tenter de décrocher un accord avant le 20 septembre.

Pour garder le moral, Bart De Wever devrait se souvenir de cet adage français : quand je me regarde, je me désole, et quand je me compare, je me console. Et c’est vrai que si la formation d’un gouvernement n’est pas simple en Belgique, nous n’en sommes pas au stade de la France où le parti LFI a même proposé de destituer Emmanuel Macron de son poste de Président de la République.

Mais c’est vrai aussi que les fuites actuelles dans la presse belge ne facilitent pas le travail du formateur. Georges-Louis Bouchez, le président du MR s’en est plaint officiellement en rappelant que ces notes ne sont que des documents de travail, mais le président du MR a juste fait mine d’oublier que ces fuites sont vieilles comme le monde, et qu’elles n’ont pour l’instant qu’un seul but, saboter les discussions en cours.

Après, c’est clair que des partis comme Vooruit, Les Engagés et le CD&V n’ont pas envie de faire des économies dans le secteur social, que la N-VA prône l’orthodoxie budgétaire, tandis que le MR, lui est opposé à toute hausse des impôts. L’équation présentée comme cela semble insoluble, mais en Belgique, pays du surréalisme, on a déjà vu pire. Et puis, n’oublions pas que les divergences idéologiques entre la coalition actuelle sont nettement moindres que celles du précédent gouvernement – la preuve, c’est que le gouvernement sortant a fait du surplace et n’a mis en œuvre aucune réforme d’envergure.

C’est mon jour de rentrée sur l’antenne et comme il va faire beau cette semaine, je n’ai pas trop envie de casser l’ambiance, mais la vérité veut qu’il ne faut pas trop se faire d’illusion sur une éventuelle baisse d’impôt. Une vraie baisse d’impôts, je veux dire, pas une baisse qui est compensée par d’autres mesures négatives. Pour la simple raison que le gouvernement précédent n’a pas fait son job et que nous devons faire un effort budgétaire de 25 milliards d’euros au cours de cette nouvelle législature – l’Europe l’exige d’ailleurs.

Donc, tous les partis autour de la table devront d’une manière ou d’une autre oublier une bonne partie de leurs promesses. N’oublions pas que la parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée. Oui, c’est du Talleyrand tout craché, le même homme qui disait « qu’on a qu’une seule parole, raison pour laquelle, il faut pouvoir la reprendre si on veut la redonner »… les propos du Diable boiteux, comme on surnommait Talleyrand, n’ont pas pris une ride.

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